1. La Vérité™ : nouvelle marque déposée ?
Vous avez remarqué ? On colle désormais des étiquettes "officiellement vrai" sur des contenus comme on met des labels bio sur des tomates OGM. La Vérité™ s’affiche, certifiée, validée, tamponnée. Comme un yaourt probiotique ou une appli de méditation. Et surtout, ne vous avisez pas d'en douter : ce serait du terrorisme cognitif.
On ne cherche plus la vérité : on la livre en kit, avec logo, hashtag, et code QR pour la télécharger dans votre cerveau.
"Vérité™ : Parce qu’être sûr est plus rentable que réfléchir" – voilà le slogan qu'on attend tous, non ?
Orwell aurait gloussé, avant de s’étrangler dans un nuage de novlangue. Lui, il avait prévu le Parti, les écrans, la surveillance. Mais pas ça : la vérité transformée en produit marketing, brevetée par les institutions. Comme si le doute était un virus et la pensée critique, une maladie sexuellement transmissible.
La Vérité™ n’est plus une quête. C’est un packaging. Un format court. Une “certification sanitaire” pour cerveaux fragiles.
Bienvenue dans l’ère du prêt-à-penser, où réfléchir est une faute de goût, et la vérité, une marque déposée.
2. La "Fakologie" : une science inventée pour punir le doute.
Bienvenue dans le laboratoire des idées mortes. Ici, on dissèque le doute comme un agent pathogène. On l’analyse, on le classe, et on le vaccine. Bienvenue dans la fakologie™, cette science de pacotille dont le but n’est pas d’éclairer, mais de neutraliser.
Le fakologue est un hybride étrange : moitié inquisiteur, moitié community manager. Il traque les pensées mal rangées, les opinions en déviation, les questionnements suspects. Son scalpel ? Le "fact-checking". Son arme ? La réprobation algorithmique.
On pourrait croire à une quête noble : "protéger la société de la désinformation". Mais en grattant un peu le vernis, on trouve un miroir déformant : ce qui dérange devient automatiquement "faux", ce qui interroge devient "dangereux", ce qui diverge devient "toxique".
Les fake news, ce n’est plus ce qui est objectivement faux. C’est ce qui n’a pas l’autorisation d’exister.
Et la vérité ? Elle ne se démontre plus, elle se proclame, comme une nouvelle religion d’État.
La fakologie, c’est l’art de faire passer le mensonge pour une faute de frappe, et la dissidence pour une pathologie.
3. Zombies citoyens : quand les cerveaux sont délocalisés.
Avez-vous déjà discuté avec un cerveau externalisé ? Vous savez, ce type de personne qui ne pense qu’après validation Twitter, qui cite BFM comme on récite une prière, qui s’indigne par réflexe et partage des injonctions morales comme des gifs de chatons ? Bienvenue dans la République des Zombies.
L’esprit critique ? En rupture de stock. Les opinions ? Importées en dropshipping intellectuel depuis les influenceurs santé. Le cerveau ? Une simple antenne relais branchée sur le flux officiel.
Le plus fou ? Ce n’est pas la paresse intellectuelle. C’est la fierté qui va avec. On se vante de “faire confiance”, comme si la pensée était devenue un acte de guerre. L’individu zombifié ne pense pas : il relaye. Il ne doute pas : il réagit. Il ne discute pas : il signale.
Et si vous osez sortir du script, ne vous étonnez pas d’être regardé comme un hérétique radioactif.
Mais essayez quand même. Offrez un café à un zombie. Demandez-lui ce qu’il pense vraiment. Il y aura un moment de bug. Un écran bleu de conscience.
Et peut-être... un début de réveil.
4. Mise à jour du cerveau obligatoire : nouvelle version sans question.
Ding ! Mise à jour disponible.
Votre système de pensée est obsolète. Veuillez installer immédiatement la dernière version du Narratif Officiel™.
Changelog : suppression des zones grises, optimisation de la conformité, correction du bug “esprit critique”.
Et attention : cette mise à jour est obligatoire. Pas de bouton “plus tard”. Pas de “mode avion”.
C’est une MAJ silencieuse, glissée dans un JT, intégrée dans une story Insta, diffusée dans une vidéo "pédagogique".
Et elle vient avec une promesse : penser comme tout le monde = être en sécurité.
Ceux qui refusent la mise à jour sont “dangereux”. Pas juste bizarres. Pas simplement marginaux. Contaminants.
On les isole, on les "shadowbanne", on les étiquette. Le doute devient une faille de sécurité mentale.
Le cerveau devient un terminal passif, synchronisé à la bonne fréquence.
Et pendant qu’on met à jour nos idées comme nos applis, on oublie qu’avant, penser… c’était un acte de résistance.
5. Les influenceurs en blouse blanche : bienvenue dans l’hôpital de la pensée.
Autrefois, on allait chez le médecin pour soigner un rhume. Aujourd’hui, on écoute des médecins pour calibrer notre vision du monde.
Bienvenue dans l’Hôpital de la Pensée, où les influenceurs en blouse blanche nous prescrivent la Vérité™ sur ordonnance.
Ils sont jeunes, charismatiques, bien éclairés, et parlent comme des coachs bienveillants.
Leur rôle ? Désinfecter les doutes, désamorcer la critique, tranquilliser l’inquiétude.
Ils diagnostiquent la réflexion autonome comme un symptôme. Et ils la traitent avec des injonctions douces :
“Faites-nous confiance.”
“Renseignez-vous… mais pas trop loin.”
“Soyez responsables, obéissez avec amour.”
Ces prêtres scientifiques 2.0 ne font pas que parler. Ils calment. Ils orientent. Et surtout, ils disqualifient.
Ils transforment la dissidence en maladie mentale.
Et le doute en trouble du comportement.
Leur arme n’est pas la violence : c’est la légitimité sociale. Ils sont aimés, suivis, adoubés.
Et comme toute figure sacrée, ils exigent une foi aveugle.
Alors attention : si votre esprit critique persiste, consultez immédiatement. Vous souffrez peut-être d’un début de conscience.
6. Tu sens ce doux parfum de Pfizer dans l’air ?
Fermez les yeux. Inspirez profondément. Ah... Ce n’est pas du jasmin. Ni une madeleine de Proust. C’est autre chose. Un effluve subtil, entre la peur bien emballée et le chiffre d’affaires qui grimpe : le doux parfum de Pfizer.
Derrière les déclarations de “santé publique”, derrière les envolées lyriques sur la solidarité vaccinale et les pubs avec de gentilles mamies protégées, se cache un marché de l’émotion. Et dans ce marché, les questions n’ont pas cours. Le doute ? Ça fait baisser la courbe. Pas celle des contaminations, non : celle des profits.
La santé est devenue un business où les actionnaires se frottent les mains pendant que toi, tu te frottes le nez en te demandant si t’as encore le droit de respirer sans abonnement.
Et là où il y a de l’argent, il y a de la censure. Il faut protéger l’investissement. Chaque interrogation est un sabotage potentiel.
Poser une question ? C’est du terrorisme de bureau. Proposer une alternative ? Une hérésie. Suggérer qu’il existe des conflits d’intérêts ? Là, c’est bon, t’es prêt pour le bûcher numérique.
Mais attention, hein : tout ça, c’est pour ton bien. Tu comprends ? On te protège... de toi-même.
Alors respire bien profond. Si tu sens ce parfum, c’est que tu es encore vivant. Et peut-être même en train de réfléchir.
Danger.
7. Le syndrome du Petit Frère : quand tu dénonces ton voisin pour être bon citoyen.
Vous vous souvenez de "Big Brother" ? Ce monstre totalitaire omniscient, celui qui surveille tout ?
Oubliez-le. Il a pris sa retraite. On n’avait plus besoin de lui.
On a trouvé mieux : le Petit Frère™.
C’est vous. C’est moi. C’est votre voisin qui signale votre publication Facebook parce que vous avez osé poser une question. C’est votre collègue qui vous regarde de travers parce que vous ne portez pas le bon badge idéologique. C’est ce pote qui vous balance en message privé : “Tu sais, partager ce genre d’article, ça peut faire du tort…”
La délation a été recyclée en civisme 2.0. Tu dénonces ? Bravo, t’es un héros. Tu balances ? Félicitations, t’as sauvé la démocratie.
On ne surveille plus : on se surveille entre nous. Avec amour. Avec zèle. Avec des likes.
Le comble du cynisme ? Ce n’est pas le système. C’est la manière dont on se bat les uns les autres pour en être les meilleurs petits soldats.
Alors que fait le Petit Frère quand il ne comprend pas une idée ? Il la signale. Il la détruit. Il la brûle symboliquement avec une capture d’écran et un commentaire passif-agressif.
Et le plus triste ? Ce n’est pas que les gens soient méchants.
C’est qu’ils pensent sincèrement être bons.
8. Et si la vérité avait besoin d’un visa ? Les saboteurs, nouveaux diplomates du doute.
Imagine un monde où penser autrement nécessiterait un visa. Où l’accès au doute serait réservé aux initiés.
Bienvenue en Véritocratie™, où les frontières mentales sont plus étanches qu’un bunker suisse.
Mais tout régime a ses clandestins.
Et ici, ils ne font pas sauter les systèmes, non. Ils les détraquent doucement. Ce sont les saboteurs. Des élégants. Des silencieux. Des doux empoisonneurs du discours officiel.
Ils n’ont ni banderoles ni mégaphones. Ils ont mieux : des idées qui grattent. Des mots qui chatouillent là où ça fait mal. De l’humour comme levier. Du doute comme arme de séduction massive.
Leur stratégie ? L’infiltration. La dissonance chic. Ils ne crient pas "réveillez-vous", ils chuchotent "êtes-vous sûr ?"
Et là, un micro court-circuit s’opère. La machine se met à clignoter. Et parfois, un cerveau redémarre.
Ils ne veulent pas t’imposer leur vérité. Ils veulent te rendre ta capacité à la chercher toi-même.
Ce sont les diplomates du doute. Les contrebandiers de la nuance. Les résistants ironiques d’une époque où la pensée est un délit et le questionnement, un crime.
Et tu sais quoi ? Il en faut plus. Beaucoup plus.
Parce qu’aujourd’hui, le vrai acte de rébellion, c’est d’oser dire :
"Je ne suis pas sûr."
Et le penser vraiment.
9. Conclusion et Appel à l’action : La vérité a-t-elle besoin d’un visa ?
Asseyez-vous bien. Enlevez vos filtres. Dégagez la bien-pensance. Je ne vais pas terminer cet article sur une note douce.
Non.
Je vais vous l’arracher, la tranquillité.
On vit dans un monde où la vérité doit présenter ses papiers à chaque checkpoint idéologique.
Où chaque phrase doit être validée par des douaniers cognitifs avant de traverser la frontière mentale.
Un monde où penser, c’est suspect. Où douter, c’est dangereux.
Un monde où, pour avoir le droit de parler, il faut montrer patte blanche, badge certifié, et QR code moral.
Tu veux savoir à quoi on ressemble collectivement ?
À des prisonniers qui se disputent pour savoir quelle est la plus belle cellule, pendant qu’on ferme la dernière porte à clé.
Tu veux que ça change ?
Alors il va falloir faire un choix. Un vrai. Un sale. Un qui tâche.
Soit tu continues à jouer le jeu du citoyen exemplaire, avec ta pensée sous antibiotiques, ta conscience en mode avion, ton indignation à la carte.
Soit tu descends dans l’arène.
Et dans l’arène, on ne joue pas à "like & partage". On s’expose. On prend des coups. On saigne.
Mais au moins, on est vivant.
Alors, es-tu prêt à te faire détester pour ce que tu penses ?
Es-tu prêt à perdre ton confort pour retrouver ta dignité ?
Es-tu prêt à être le parasite dans le logiciel, l'erreur système, le caillou dans la godasse du dogme ?
La vérité n’a jamais été donnée. Elle se vole. Elle se prend. Elle se mérite.
Et parfois, elle se paie très cher.
Alors choisis ton camp.
Sois un zombie propre et bien peigné.
Ou deviens un saboteur. Un traître au consensus. Un agent double du réel.
Parce qu’à ce stade, la vérité ne demande plus un visa.
Elle demande une révolution.
Et toi, tu sens quoi dans l’air aujourd’hui ?
Du Febreze officiel ?
Ou une odeur de poudre qui vient de ta propre cervelle qui explose, enfin, sous pression ?
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