INTRODUCTION – Extrait du Journal Officiel de l’Absurde
« Vu le Code pénal, quelque part dans ses méandres labyrinthiques, Considérant la souveraineté inaliénable de l’individu sur son billet aller-simple vers l’au-delà, Considérant que toute tentative de compassion, d’émotion intempestive ou de persuasion affectueuse visant à détourner un citoyen de son projet mortifère constitue une atteinte à la liberté suprême, Il est décrété ce qui suit : »
« Nul ne saurait, par parole, regard larmoyant, silence complice, étreinte maladroite ou évocation perfide de souvenirs heureux, tenter de dissuader une personne d’accéder à l’aide à mourir dans les conditions prévues par la présente loi. Le contrevenant, qu’il soit parent, amant, thérapeute ou voisin trop bavard, s’expose à une peine de deux années d’emprisonnement ferme et à une amende délictuelle de trente mille (30 000) euros. »
Nous y voilà.
La République, dans son infinie sagesse bureaucratique, a décidé que sauver une vie, c’est suspect. Supplier un proche de rester ? Un délit. Aimer trop fort ? Une infraction. C’est écrit noir sur blanc, avec la froideur d’un règlement de copropriété interdisant les barbecues sur balcon. Imaginez un procureur en costume gris, lunettes sévères, débitant ce texte dans une salle d’audience aux néons blafards. Et vous, en face, simples mortels, apprenant que pleurer pour retenir quelqu’un pourrait vous coûter une amende.
Claque.
Oh, rassurez-vous, la ministre nous jure que « causer en famille, c’est encore toléré ». Pour l’instant. Mais oserez-vous vraiment tester les limites de cette bienveillance législative ? Disclaimer satirique : Toute ressemblance avec une dystopie en cours d’élaboration est purement intentionnelle. Si vous pensez que j’exagère, lisez la suite. Vous pourriez être surpris.
Chapitre 1 : Le crime d’amour — Quand dire “je t’aime” devient une infraction
Imaginez la scène. Votre fils vous annonce, calme comme un employé de banque :
« Papa, j’ai pris rendez-vous pour l’aide à mourir. C’est mon droit, la loi me l’accorde. »
Et vous, pauvre fou, vous osez… l’aimer. Vous le fixez, la gorge nouée, et vous murmurez :
« Reste. Je t’en supplie. »
Flash spécial CNews : « Un père interpellé pour entrave émotionnelle à l’aide médicale à mourir. Les autorités louent la rapidité de l’arrestation. »
Bienvenue dans un monde où aimer devient un crime.
Les câlins ? Des armes de poing. Les mots tendres ? Des explosifs sentimentaux. Tenter de retenir quelqu’un au bord du gouffre, non par la force, mais par le cœur ? Une agression morale passible de taule.
On plaisante ? Pas vraiment. La loi, dans sa version 2025, punit toute tentative de « dissuasion » à l’aide à mourir – pressions, menaces, ou désinformation volontaire. Bien sûr, la ministre promet que supplier en privé, c’est encore OK. Mais jusqu’où va la frontière entre un « je t’aime » sincère et une « entrave » punissable ? Bientôt, faudra-t-il lire ses droits au suicidaire, façon série Netflix ?
« Vous avez le droit de mourir. Tout ce que vous entendrez de vos proches pourra être retenu contre eux. »
Chaque larme devient une preuve. Chaque « tu vas me manquer » une pièce à conviction. On disait que l’amour ne se commande pas. Désormais, il se condamne. Deux ans de prison pour un « reste avec nous. » Trente mille euros pour avoir été humain. Mais ne vous inquiétez pas, ce n’est que le début. Car si aimer est un délit, imaginez ce qui arrive aux héros du quotidien.
Chapitre 2 : “Vous avez sauvé une vie ? Voici votre convocation” — Le pompier, le psy et la prison
3h du matin. Un appel au 18. Une femme s’effondre, les poignets ouverts. Les pompiers foncent, pansent, stabilisent, sauvent. Elle respire encore. Happy end ? Non. Début du cauchemar. Le lendemain, le pompier reçoit un courrier du parquet :
« Convocation pour suspicion d’entrave à une volonté létale légale. »
Oui, vous avez bien lu. Parce qu’au lieu de la regarder s’éteindre avec un sourire neutre et un « bon voyage », il a osé… faire son métier. Sauver une vie ? Hors-la-loi. Le mot « héros » n’a plus de sens juridique. Il rime désormais avec « ingérence ».
Et les psys, alors ?
Tu passes des mois à réconcilier un patient avec l’envie de vivre, à lui redonner du sens, et paf ! Tu apprends que tu as peut-être « entravé » son droit à mourir. Bientôt, des chartes pour les thérapeutes ?
« Je m’engage à ne pas insuffler d’espoir non sollicité. En cas de rémission accidentelle, j’alerte les autorités. »
La bienveillance ? Suspecte. L’écoute ? Risquée. Le soin ? Puni. Pendant ce temps, un député en costume trois-pièces se félicite :
« Nous avons libéré les citoyens du fardeau de l’humanité. »
Et les citoyens modèles, eux, apprennent à filmer. Pas pour aider, non. Pour prouver qu’ils n’ont rien tenté. Alors, dis-moi : dans une société où sauver est un délit et regarder mourir une vertu, à quoi sert-on encore ?
Chapitre 3 : Manuel de non-assistance assistée à personne en danger
Bienvenue dans votre formation express :
« Comment laisser mourir en toute légalité – Niveau Débutant. »
Module 1 : Neutralité obligatoire
- Ne souriez pas. Ça pourrait passer pour du réconfort.
- Ne pleurez pas. Ça pourrait semer le doute.
- Ne touchez pas. Une main sur l’épaule ? Arme de dissuasion massive.
Module 2 : Posture légale
- Regard vide, légèrement bovin.
- Bras le long du corps (pas de gestes suspects).
- Phrase clé : « Je respecte ton choix souverain. » Répétez comme un robot.
Module 3 : Dialogue autorisé
✅ « Tu veux mourir ? C’est ton droit. »
✅ « Besoin d’un fond musical ? Je te mets la playlist ‘Adieux Éternels’. »
❌ « Reste, on a besoin de toi. » = 2 ans ferme.
❌ « On peut en parler ? » = 30 000 €.
❌ « Je t’aime. » = Entrave caractérisée.
Module 4 : Réflexes légaux
- Éteignez votre cœur.
- Activez votre conformité républicaine.
- Laissez un Post-it : « Bravo pour ta décision libre. »
- Prenez un selfie pour prouver votre non-intervention.
C’est ça, la non-assistance assistée. On vous ordonne de ne rien faire, mais avec assez de froideur pour ne pas passer pour un monstre. Un peu comme un lifeguard qui dirait à un noyé :
« Vas-y, coule avec dignité. »
L’humanité ? Une faute administrative. La solidarité ? Un bug dans le système. Mais accrochez-vous, car l’État a encore mieux à vous offrir : un service client pour votre dernier souffle.
Chapitre 4 : La société IKEA de la mort : assistance, accompagnement et coussin ergonomique
Bienvenue au Centre National de Fin de Vie Préparée®. Ambiance épurée, musique d’ascenseur, odeur de désinfectant sucré. Ici, on ne vend pas des bibliothèques Billy. On organise votre départ. À l’entrée, une hôtesse vous tend un catalogue :
« Bonjour ! Avez-vous réservé votre créneau pour mourir ? On a des options : lumière tamisée, playlist ‘Adieux Zen’, ou coussin cervical pour un confort optimal. »
Le suicide devient une prestation 5 étoiles. Un service fluide, propre, sponsorisé par une République qui sait mieux que vous ce qu’est la dignité. Choisissez votre formule :
- Ambiance « crépuscule poétique » ou « orage dramatique ».
- Infirmier neutre ou accompagnant empathique (attention, pas trop, faut pas dissuader).
- Derniers mots gravés sur parchemin bio ou envoyés par QR code.
Et si quelqu’un ose dire : « T’es sûr·e ? On pourrait essayer autre chose ? » Alerte rouge. La charte s’applique :
« Toute interférence dans le processus létal est strictement prohibée. Merci de respecter le libre choix. »
L’État devient votre conseiller clientèle pour le grand saut. Et toi, citoyen, tu n’es qu’un spectateur dans un showroom de fins programmées. Tout est lisse. Tout est vide. Vide de lien. Vide de lutte. Vide d’espoir. C’est la logique IKEA de la mort :
Facile à monter, propre à démonter, et surtout, pas d’émotions qui dépassent.
Mais le meilleur reste à venir. Car l’État ne veut pas seulement t’aider à mourir. Il veut s’assurer que personne ne t’en empêche.
Chapitre 5 : Suicide républicain : quand l’État préfère vous voir mort que mal aimé
Oubliez « Liberté, Égalité, Fraternité ». La nouvelle devise ?
« Liberté de mourir, Égalité dans le silence, Fraternité interdite par arrêté. »
Cette loi n’est pas qu’un droit à mourir. C’est une mise à mort de l’humain. Une chasse aux sorcières contre ceux qui osent aimer, supplier, retenir. Tu veux aider quelqu’un à vivre ? Suspect. Tu veux être un phare dans la tempête ? Déviant. Tu veux tendre la main à un proche qui s’effondre ? Hors-la-loi.
Et l’État, dans tout ça ? Il vous sourit, la main sur le cœur, en débitant des mots comme « dignité », « autonomie », « choix ». Tout en glissant un formulaire Cerfa sous la porte de votre désespoir.
Ce n’est plus de la liberté. C’est un abandon organisé. Un suicide civique où l’État joue les maîtres de cérémonie d’une mort bien propre. Gare à ceux qui posent des questions. Gare à ceux qui aiment trop fort. Gare à ceux qui refusent de lâcher prise face à la « solution finale raisonnable ». Car dans cette République, le vrai danger, ce n’est pas de mourir. C’est de croire encore en la vie. C’est de murmurer « je suis là » quand l’autre veut partir.
Alors, toi, lecteur·rice, tu fais quoi ? Tu te tais ? Tu valides ? Tu partages ? Ou tu cries, juste un peu, juste assez pour rappeler qu’aimer, c’est encore un droit ?
Mais attends, ce n’est pas tout. Car l’État, dans sa grande magnanimité, ne se contente pas de punir ceux qui aiment. Il veut aussi s’assurer que la mort soit une option irrésistible. Des campagnes publicitaires subtiles, des brochures dans les salles d’attente : « Vous souffrez ? Vous doutez ? La mort assistée, c’est simple, c’est digne, c’est votre choix. »
Pendant ce temps, les moyens pour les soins palliatifs ? Évaporés. Les psys pour accompagner les vivants ? En rupture de stock. Les associations qui tendent la main aux désespérés ? Sous-financées. Pourquoi investir dans la vie, quand la mort est si bien organisée ?
Et si tu oses pointer du doigt cette machine à désespoir, on te regardera de travers. « Tu veux priver les gens de leur liberté ? » Non, juste leur offrir une chance de vivre. Mais ça, c’est devenu subversif.
Dans ce monde, le héros n’est plus celui qui sauve, mais celui qui remplit le formulaire sans broncher. Le courage, c’est de ne rien dire. La révolte, c’est de s’indigner en silence.
Alors, dis-moi, toi qui lis ça, toi qui sens encore ton cœur battre : vas-tu laisser cette République transformer l’amour en crime ? Ou vas-tu, malgré tout, continuer à tendre la main, à murmurer « je t’aime », à défier les Cerfas et les procureurs ?
Parce que si aimer devient un délit, alors soyons tous des hors-la-loi.
Disclaimer final : Oui, j’exagère. Mais à peine. La loi punit les « entraves » volontaires, pas les larmes sincères. Mais quand le flou s’installe, qui osera encore aimer sans regarder par-dessus son épaule ?
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