1. 2026 : L’année où l’électricité est devenue un produit de luxe, à la carte et sans dessert
Bienvenue en 2026, l’ère du tout connecté, sauf quand il faut payer sa facture EDF. Cette année-là, on n’a pas inventé la voiture volante, ni guéri le cancer, mais on a réussi un exploit remarquable : faire de l’électricité — ce truc censé être un droit fondamental au XXIe siècle — un produit de luxe réservé aux ménages qui ont de quoi raquer.
Fini le temps où tu laissais une lumière allumée dans la salle de bain sans te demander si ça allait t’obliger à vendre un rein à la fin du mois. Aujourd’hui, chaque ampoule devient un choix existentiel. Tu veux allumer ton four ? Demande-toi d’abord si tu préfères cuire ton gratin ou partir en week-end.
La facture EDF, autrefois reléguée dans la pile des corvées mensuelles, s’est hissée au rang de sujet de couple. « Chéri, on chauffe ou on se lave ? » est désormais une question légitime dans des millions de foyers.
Et pourquoi cette ascension fulgurante du coût du courant ? Parce que dans une fulgurance bureaucratique digne d’un roman kafkaïen, nos brillants gestionnaires de la chose publique ont décidé de supprimer un dispositif (l’ARENH) qui maintenait les prix à peu près cohérents avec la réalité économique du pays. Résultat ? Des millions de Français découvrent qu’on peut avoir des centrales nucléaires dans le jardin, et quand même payer le jus au prix du caviar importé.
Mais ce n’est pas qu’une question de chiffres. C’est une recomposition sociale en direct live, avec ses nouveaux codes :
– les "électro-privilégiés", qui produisent leur électricité comme d’autres brassent leur bière bio ;
– les "éco-déclassés", qui ont tout coupé sauf l’essentiel ;
– et les "connectés-pour-mourir", qui vivent entre deux coupures.
Alors oui, 2026 marque un tournant. Pas technologique, pas environnemental. Non. Un tournant sociétal, brutal, où la lumière devient un luxe, le grille-pain un privilège et la douche chaude un souvenir de classe moyenne.
Et si vous trouvez que j’exagère... vous paierez pour vérifier.
2. Fin de l’ARENH : l’autopsie d’un système sacrifié sur l’autel des marchés volatils
C’était pourtant une belle histoire, l’ARENH. Un petit bout de régulation dans un monde de brutes. Un système où, tenez-vous bien, les Français pouvaient profiter de leur propre électricité nucléaire à un prix raisonnable. Oui, celle produite par EDF, entreprise publique, avec vos impôts, vos terrains, vos centrales qui fuient un peu mais qui tiennent debout.
Mais visiblement, c’était trop simple. Trop juste. Trop cohérent. Il fallait donc le flinguer.
Alors on a sorti le scalpel technocratique et, en janvier 2026, on a procédé à la mise à mort. Fin de l’ARENH, enterrement de première classe, sans fleurs ni couronnes, mais avec des dividendes pour les actionnaires. Désormais, l’électricité française — produite à coût stable dans nos centrales — sera vendue à… prix de marché. Oui, ce grand n’importe quoi dominé par les traders en sueur à Francfort qui parient sur des mégawatts comme sur des cryptomonnaies.
Résultat ? Ce qui nous coûtait 60 €/MWh va pouvoir joyeusement atteindre 120, 150, voire 200 €/MWh. Et qui encaisse la différence ? Spoiler : ce n’est pas toi.
Car pendant que toi tu te demandes si tu peux encore brancher ta machine à laver en journée sans hypothéquer ton chien, certains se frottent les mains au sommet de la pyramide énergétique. Pas EDF, hein, pas vraiment. Non, ce serait trop facile. EDF, elle est coincée entre les injonctions de l’État et les profits des marchés. Non, ceux qui se gavent, ce sont les habituels :
– les opérateurs alternatifs qui achètent au rabais et revendent au prix du caviar,
– les fonds spéculatifs qui jouent sur la rareté comme des pros de la famine énergétique,
– et bien sûr, une poignée de décideurs qui se baladent entre cabinets ministériels et conseils d’administration avec une aisance de lombric dans une salade bio.
Tu veux des noms ? Tu sais très bien qu’on n’a pas besoin de les nommer. Ils sont dans tous les rapports, jamais dans les prétoires. Et pendant qu’ils arrosent leurs dividendes avec du champagne, toi tu verses une larme à chaque fois que ton ballon d’eau chaude se met en route.
On nous a vendu cette réforme comme une modernisation, une adaptation aux "réalités européennes du marché". Traduction ? On vous enc*le avec une directive de Bruxelles, mais c’est pour votre bien.
Voilà comment on a liquidé, sans trembler, un outil public pensé pour protéger les citoyens, pour le remplacer par une roulette russe tarifaire. Et si tu veux encore croire que c’est une coïncidence, c’est que tu n’as pas encore vu ce qui arrive au prochain chapitre : la grande loterie du kilowattheure.
3. La grande loterie du kilowattheure : bienvenue dans le casino de l’électricité
Placez vos mises, mesdames et messieurs ! Rien ne va plus, faites vos jeux. À ma gauche, un foyer de quatre personnes avec chauffage électrique ; à ma droite, un étudiant en studio qui oublie parfois d’éteindre la lumière. Qui va exploser son budget ce mois-ci ? Qui va devoir choisir entre se chauffer et manger ? Bienvenue dans le grand casino énergétique à la sauce 2026.
Parce que oui, maintenant, ton électricité n’est plus une charge fixe, non. C’est une expérience immersive de spéculation à haute tension, où le prix de ton kilowattheure dépend de facteurs aussi réjouissants que : – le vent en Allemagne, – la pluie en Norvège, – une grève en Espagne, – ou une déclaration floue d’un ministre belge à la radio.
Tout ça pour décider si tu peux te permettre une soirée raclette ou si tu dois manger des sardines froides à la bougie.
Et qui organise ce joyeux bordel ? Les marchés de gros. Le nom est trompeur : ils ne sont ni gros ni généreux. Ce sont des plateformes d’achat-revente où des entreprises privées, des traders et des fonds spéculatifs se font de l’or en spéculant sur ton confort quotidien. On parie à la baisse, on parie à la hausse, on joue avec le réseau comme des gamins avec des allumettes... sauf que toi, tu paies les dégâts.
Et le plus beau dans tout ça ? C’est que ce système est présenté comme normal. "C’est comme ça que fonctionne le marché européen de l’énergie", te disent les experts au sourire figé, ceux qui vivent dans des appartements connectés sponsorisés par Engie et décorés chez Roche Bobois.
Pendant ce temps, toi, tu découvres les joies du "signal prix". Tu apprends à consommer quand l’électricité est "moins chère" (à 3 h du matin) et à tout couper quand ça coûte "trop" (à 18 h, quand tu rentres du boulot, évidemment). Parce que désormais, le marché ne te fournit plus une énergie, il te vend un comportement.
Et ça marche : les plus pauvres s’adaptent — ils n’ont pas le choix. Les autres installent une appli qui leur dit quand lancer la machine à laver. Génial, non ? C’est comme une loterie inversée : tu ne gagnes jamais, mais tu paies à chaque tour.
Prochaine étape ? EDF : l’entreprise publique qui te demande de parier contre elle. Allez, fais tourner la roue.
4. EDF : Entre schizophrénie tarifaire et captation étatique de dividendes déguisés
EDF. Trois lettres. Un sigle qui évoquait jadis un service public, de la stabilité, des factures pas trop salées, et cette douce illusion que, tant qu’on payait à peu près à l’heure, on ne finirait pas à la bougie. C'était avant. Avant que le mastodonte historique devienne un gentil chien de garde qu’on fait aboyer selon les taux de retour sur capital.
Parce qu’aujourd’hui, EDF, c’est un peu comme un schizophrène corporate en crise identitaire. D’un côté, on lui ordonne de produire de l’électricité pour tout le monde à prix raisonnable (merci l’État). De l’autre, on lui impose de jouer au trader de l’énergie, avec comme objectif de gaver les marchés, les dividendes, et le sacro-saint budget national.
Et devine quoi ? Les deux rôles sont incompatibles. Résultat : ça débloque.
Tu veux un exemple ? EDF vend ton jus à prix cassé à des concurrents grâce à l’ARENH, et maintenant qu’on a supprimé ce truc, elle doit te le refourguer au prix fort en faisant semblant que c’est “la loi du marché”. Mais comme elle est aussi nationalisée, l’État récupère une partie des bénéfices... pour ensuite te les "rendre" sous forme d’aides, de chèques énergie, de promesses creuses à la télé.
C’est le hold-up parfait. Tu paies deux fois : une fois comme client, une fois comme contribuable. Et pendant que tu comptes les centimes pour éviter le dépassement sur ton compteur Linky, les hautes sphères d’EDF se partagent bonus, stock-options et fauteuils en cuir chauffant dans les conseils d’administration.
Oh, et ne t’avise pas de poser des questions. Si tu demandes pourquoi on continue d’exporter notre électricité à prix réduit vers l’Allemagne pendant que toi, tu tapes 200 balles par mois, on te répondra un gloubi-boulga de jargon énergétique et de solidarité européenne. Traduction : ferme ta gueule et paie.
EDF n’est plus ce bon vieux fournisseur paternaliste. C’est un outil politique dévoyé, un totem sacrificiel qu’on exhibe pour dire "vous voyez, on fait ce qu’on peut", pendant qu’on te dépouille la face sereine.
Et si tu veux vraiment résumer le problème en une phrase ? La voilà : EDF est le seul dealer d’électricité au monde qui vend sa came plus cher à ses propres clients qu’aux voisins.
À ce stade, on ne gère plus un service public. On administre une grande escroquerie à ciel ouvert, avec le sourire.
5. Le “mécanisme de reversement” : ou comment te rendre l’argent qu’on t’a déjà volé, mais plus tard, ou pas
Ahhh, le fameux “mécanisme de reversement”. Ce chef-d'œuvre de l'arnaque à visage administratif. Une invention tellement tordue que même les ingénieurs de Bercy doivent prendre du Doliprane avant d’essayer de l’expliquer à la presse.
Sur le papier, c’est simple. EDF, quand elle se goinfre avec des prix de gros déments, serait censée te reverser une partie de ses bénéfices faramineux, histoire de ne pas passer pour une entreprise vampirisante. Sauf que dans les faits, ça ressemble plus à une promesse d’ex tenu par un pigeon : “je te rendrai ce que je te dois... quand je pourrai... ou quand j’y penserai... ou jamais”.
Déjà, premier problème : pour qu’il y ait reversement, il faut qu’EDF fasse des profits. Oui, tu sais, la même boîte qu’on a renflouée à coups de milliards publics y’a deux ans. Donc tu vois venir : si jamais y’a un hiver un peu froid, un tuyau qui fuit ou une centrale en PLS, hop ! Plus de bénéfice, plus de reversement. C’est magique.
Deuxième hic : c’est pas toi qui reçois le reversement, non non. C’est l’État. Et ensuite, l’État décide s’il veut bien te refiler une miette ou deux sous forme d’un chèque énergie qui te permettra, au choix :
1. De faire un plein partiel de mazout,
2. D’alimenter ton frigo pour 5 jours,
3. Ou de regarder une saison de Netflix avec le chauffage à 19°.
Troisième clou dans le cercueil : ce “mécanisme” est tellement opaque qu’il faut une thèse en physique nucléaire ET en droit fiscal pour comprendre à quoi tu as droit. Les textes sont flous, les conditions variables, et surtout, personne ne te garantit que tu vas voir la couleur de cet argent.
Et pendant que tu rêves d’un hypothétique remboursement sur ta prochaine facture, les vrais gagnants se frottent les mains en regardant grimper leur portefeuille d’actions. Toi, tu reverses. Eux, ils encaisseront.
C’est pas une politique énergétique. C’est du racket en col blanc, avec option facturation mensuelle.
Moralité : le seul “reversement” auquel tu peux vraiment croire, c’est celui de ton compte bancaire.
6. La classe moyenne électrocutée en silence : ni pauvre, ni subventionnée, juste rackettée
On en parle peu, parce qu’elle ne fait pas assez pleurer dans les chaumières, mais elle est là. La classe moyenne. Ce ventre mou de la République, trop riche pour être aidée, trop pauvre pour s’en sortir tranquille. Et c’est elle qui va prendre la plus belle décharge dans ce court-circuit national.
Les pauvres, au moins, on leur envoie des chèques énergie (quand la Poste ne les perd pas et que le locataire du dessus ne les encaisse pas à leur place). Les riches ? Ils n’ont même pas senti la hausse, trop occupés à rentabiliser leurs panneaux solaires sur leur résidence secondaire.
Mais la classe moyenne ? Elle trinque. Elle ferme sa gueule. Et elle paie.
Tu gagnes 2 000 balles par mois ? Trop pour une aide. Pas assez pour t’équiper. Résultat : tu continues de subir des hausses de 19 %, de payer des factures à trois chiffres et de te faire engueuler par ton ado parce que t’as coupé la console pour économiser l’énergie.
Et pendant que les éditorialistes du dimanche te conseillent de “réduire ta consommation inutile”, tu t’éclaires déjà à la LED, tu chauffes à 18° et tu fais tourner ta machine la nuit comme un ninja. Tu veux quoi de plus ? Te nourrir de bougies chauffe-plat ?
Le pire, c’est que tu n’as même pas le luxe de râler efficacement. On te traite de privilégié, d’ingrat, de mec qui “peut encore payer”. Tu es devenu invisible dans la misère, illégitime dans la colère. Mais à chaque coup de pression tarifaire, c’est ton budget vacances qui saute, ton resto du mois, tes rêves de week-end ou ton abonnement à la salle de sport que tu ne fréquentes même pas.
Et le gouvernement ? Il t’explique que "c’est temporaire", que "ça va s’équilibrer", que "les Français doivent faire des efforts". Spoiler : l’effort, c’est toi qui le fais. Eux, ils collectent la TVA.
Et EDF dans tout ça ? Elle s’excuse presque… de devoir te voler. Mais c’est "la loi", tu comprends. Et si tu veux contester, bonne chance : le service client est désormais un bot qui t’envoie chier avec courtoisie.
Alors tu continues. Parce que t’as pas le choix. Parce que t’as pas le temps. Parce que t’as encore de l’électricité, mais plus la force de crier.
7. Panneaux solaires : la liberté à 10 000 balles — avec batterie obligatoire et dette illimitée
Alors on t’a vendu le rêve : "Fais-toi poser des panneaux solaires, deviens autonome, deviens libre, deviens… Jean-Pierre du Lot-et-Garonne qui regarde son compteur à 0 avec une larme de fierté." Sauf que dans la vraie vie, ce scénario idyllique a un petit goût de crédit à la conso sur 15 ans.
D’abord, le prix : entre 9 000 et 12 000 euros pour une installation correcte. Ah oui, ça fait cher l’indépendance énergétique quand t’as déjà du mal à finir le mois. Mais attends, c’est pas fini. Parce que sans batterie, ton autonomie, c’est un sketch : tu produis en journée, mais tu consommes le soir. Donc tu refiles ton jus à EDF pour une poignée de centimes, et tu leur rachètes le soir au prix fort. Le serpent qui se mord la prise.
Tu veux la batterie ? Parfait. Rajoute 5 000 à 8 000 €, selon la technologie. Une petite AGM ? Compromis pas cher, mais durée de vie de ficelle humide. Une lithium haut de gamme ? Très bien, si tu n’as pas prévu de partir en vacances avant 2034.
Mais alors, et les aides ? Oui, il y en a. En théorie. Dans la réalité, c’est un labyrinthe administratif avec 14 formulaires, trois preuves de nationalité et un certificat de virginité énergétique. Et à la fin, tu récupères 1 200 €... dans six mois.
Sans parler des vendeurs. Ils débarquent chez toi avec des PowerPoint flamboyants et des arguments dignes de télé-évangélistes :
– "Vous allez faire des économies dès le premier mois !"
– "Ça augmente la valeur de votre bien !"
– "C’est bon pour la planète, vos enfants vous remercieront !"
Ce qu’ils ne te disent pas, c’est que si ton toit est mal orienté, trop ombragé ou si tu vis au nord de la Loire, t’as plus de chances de produire du courant avec une dynamo à vélo.
Et même dans les cas idéaux, le retour sur investissement, c’est 8 à 10 ans minimum, si tout va bien, si les aides tombent, si t’as pas besoin de changer l’onduleur, et si le voisin ne te fout pas une antenne 4G pile devant ton soleil.
Bref, oui, les panneaux, c’est top... pour ceux qui ont du cash, un bon toit, un ensoleillement correct, du temps libre, et une passion pour les tableaux Excel de production électrique.
Pour les autres ? C’est un piège à dettes qui te fait croire que tu vis “libre”, alors que tu viens de signer pour une servitude de 20 ans avec ton banquier.
Tu pensais sortir du système ?
Tu viens d’installer une petite succursale d’EDF... sur ton toit.
8. Éoliennes de balcon et promesses en courant alternatif : l’illusion de l’autonomie domestique
Ah, les mini-éoliennes… ce doux fantasme de l’écolo urbain, persuadé qu’un petit moulin sur son balcon va alimenter sa cafetière, son MacBook et ses valeurs citoyennes. Le rêve est beau : un vent léger caresse les pales de ta petite éolienne domestique, une douce lueur verte brille sur ton visage, et tu souris, indépendant, fier, révolutionnaire.
Sauf que dans la vraie vie… ça ne souffle pas.
Déjà, premier mensonge : non, tu ne vas pas produire ton électricité à Paris, Lyon ou même à Saint-Brieuc avec une toupie en plastique de 80 cm sur ton garde-corps. Pour qu’une éolienne tourne suffisamment pour recharger autre chose que ta foi en l’humanité, il te faut : – une zone très dégagée, – un vent régulier d’au moins 25 km/h, – un mat de 12 mètres minimum, – et accessoirement… ne pas vivre dans une copropriété de 1967 qui interdit les antennes paraboliques.
Et puis le coût, parlons-en. Une vraie éolienne domestique correcte, c’est 25 000 à 40 000 € tout compris, installation, fondations, autorisations et tout le tralala. Le genre de truc que tu fais quand t’as déjà payé ta Tesla, ton potager autonome et ton coach de yoga fiscal.
Mais ce n’est pas tout : ces engins, malgré leur esthétique vaguement Blade Runner, font du bruit. Genre VOUUUMMMM en continu quand il y a du vent. Tu veux du zen, tu récoltes un tinitus. Sans parler de la maintenance : pales déséquilibrées, moteurs grippés, convertisseurs qui claquent... Tu croyais avoir un générateur, tu as une chaîne Hi-Fi soviétique.
Et même quand ça marche, tu produis quoi ? Une poignée de kilowattheures par jour. Assez pour recharger ton téléphone, peut-être ton ordi... mais certainement pas ton chauffage, ton frigo ou ton chauffe-eau. Donc tu restes branché au réseau. Bravo pour l’indépendance.
Mais ne t’inquiète pas, le greenwashing veille. Les start-ups se battent pour te vendre leur "WindTech Urban Revolution™", une éolienne connectée avec appli dédiée, Bluetooth, IA embarquée et coach énergétique digital. Résultat ? T’as mis 5 000 balles dans un gadget qui ne fournit pas assez d’énergie pour faire tourner ta bouilloire... mais qui t’envoie des notifications “Bravo ! Vous avez évité 4g de CO₂ aujourd’hui !”
L’éolienne domestique, c’est pas une solution. C’est un cosplay écologique pour citadins en détresse existentielle. Une performance, pas un projet.
Tu veux du vent ? Va courir dans un champ.
Tu veux de l’autonomie énergétique ? Va lire la notice de ton disjoncteur et accepte que, pour l’instant, tu es encore un esclave du réseau. Mais un esclave moderne… avec des pales sur le balcon.
9. Domotique et gadgets de sobriété : quand ton grille-pain a plus de contrôle que toi
Ah, la domotique ! Le futur, paraît-il. Une maison intelligente, connectée, optimisée. Une maison qui pense pour toi, anticipe tes besoins… et surtout, t’empêche de vivre en paix.
Tu croyais que la domotique allait t’aider à faire des économies ? C’est mignon. En réalité, tu viens d’offrir les clés de ton confort quotidien à un algorithme conçu par un stagiaire mal payé dans une start-up sous subvention. Résultat : ton chauffage se coupe à 6 h du matin "parce qu’il fait plus de 17,5° dans le salon", ton ballon d’eau chaude chauffe entre 2 h et 3 h du matin, et ton four refuse de s’allumer si EDF crie à la pénurie.
Ton grille-pain, lui, est devenu un agent du système. Il sait quand c’est l’heure creuse. Il attend le signal. Et si tu oses défier sa logique tarifaire pour te faire une tartine à 18 h ? Bam, surtaxe. Tu pensais être propriétaire, tu es locataire de ton électroménager.
Et tout ça, pour quoi ? Pour gratter 8 euros par mois… après avoir claqué 2 000 balles dans des prises connectées, un thermostat “intelligent” et un abonnement à une appli qui te dit que ta machine à laver est une criminelle énergétique.
Et les alertes, parlons-en.
– "Attention, pic de consommation prévu à 18 h 12. Merci de différer votre cuisson."
– "Température trop élevée : ajustement automatique en cours."
– "Votre maison est en surconsommation. Merci de culpabiliser silencieusement."
Tu ne vis plus chez toi. Tu cohabites avec un logiciel qui t’infantilise. Et toi, bon petit citoyen vertueux, tu obéis. Tu fais tourner ta lessive à 4 h du matin, tu cuis tes pâtes à 11 h 32 et tu regardes Netflix en mode économie d’énergie, c’est-à-dire dans le noir, avec le son en mono.
Mais au fond, tu le sais : tout ce théâtre technologique n’est qu’un pansement sur une jambe de bois en flammes. Parce que pendant que tu passes ta vie à programmer tes prises et à chasser les watts, les vrais bouffeurs d’énergie — les data centers, les géants industriels, les traders du marché de gros — continuent de siphonner le réseau sans rendre de comptes.
Alors oui, tu peux continuer à suivre les conseils de “sobriété intelligente”. Mais sache une chose : si tu dois te battre contre ta cafetière pour survivre, c’est pas une maison connectée que t’as achetée.
C’est un assistant de surveillance énergétique, avec option humiliation.
10. Le futur, c’est maintenant : vivre comme au XIXe siècle, avec une appli mobile pour surveiller ton compteur
Et voilà. On y est. 2026. L’an de grâce où, pour ne pas finir électrocuté par ta propre facture, tu vis comme un paysan du XIXe siècle, mais avec une application en temps réel qui te notifie que t’as consommé 0,04 kWh en allumant la lumière des chiottes.
Oui, le progrès, c’est formidable. Grâce à la technologie, tu peux maintenant constater ta ruine en direct, minute par minute, sur ton smartphone. Tu suis ta courbe de consommation comme d’autres suivent leur tension artérielle. Sauf qu’ici, le verdict est toujours le même : "Trop". Trop chauffé. Trop cuisiné. Trop de vie, en fait.
Et pour ne pas sombrer dans la misère énergétique, on te prescrit un remède miracle : la sobriété. Un mot chic pour dire "ferme ta gueule et coupe tout." On t’invite à vivre dans une semi-obscurité bienveillante, avec des pulls moches et une bougie qui fait aussi chauffage, lumière, et parfois même, compagnie.
Mais attention ! Ce n’est pas une régression. Non. C’est un “changement de paradigme”. Une "transition énergétique citoyenne", disent-ils. Une "prise de conscience collective". Une "chance de repenser notre rapport au confort". Bref : une manière poétique de te faire payer plus pour vivre moins.
Et pendant que toi tu sombres dans l'ère néo-médiévale avec Wi-Fi, les ministères restent chauffés à 23°C, les écrans publicitaires clignotent H24, et les cryptomineurs sucent des mégawatts à en faire pleurer une centrale nucléaire.
Mais tout va bien. Toi, tu as baissé ton thermostat. Tu fais ta part.
Tu pensais que le futur serait fait de voitures volantes et d’énergie gratuite ? Non, le futur, c’est te faire engueuler par ton compteur Linky parce que t’as laissé ton frigo ouvert 3 secondes de trop.
Le futur, c’est maintenant. Et il est froid, sombre, culpabilisant et parfaitement mesuré.
Mais heureusement, t’as une appli pour te le rappeler.
Commentaires