Gaza Paradise™ : Vacances sur charnier, business sur cadavres

1. Gaza Paradise™ : cocktails, chars et charniers

Imaginez un spot paradisiaque :
Le soleil tape, les vagues clapotent doucement sur des plages aux teintes rougeâtres (petit mélange sable/sang), et dans le ciel, un F-35 fait des loopings façon pub Red Bull. Bienvenue à Gaza Paradise™, un projet touristique pas du tout fictif, soufflé entre deux golfes persiques par Donald Trump himself, qui a trouvé LA bonne idée :
“Et si on construisait des clubs de vacances sur les ruines ?”

Oui, vous avez bien lu. Pendant que certains parlent de cessez-le-feu, d’autres fantasment déjà sur des piscines à débordement avec vue panoramique sur un cimetière collectif. Dans l’esprit Trumpien, tout est monétisable : les ruines deviennent des opportunités, la douleur un potentiel marketing.
“Vous aimez l’authenticité ? Gaza vous l’offre brute, les balles traçantes incluses !”

Mais ne soyons pas injustes. On aurait aussi un spa halal-kasher, pour réconcilier les peuples autour d’un gommage à l’eau bénite, et des excursions en Jeep blindée vers les sites archéologiques récemment déblayés par les bombes.
À noter : les enfants palestiniens ne seront pas admis dans les toboggans — pas pour des raisons de sécurité, mais parce qu’ils sont morts.

On rit jaune, mais ce projet existe dans l’esprit de certains stratèges. La "reconstruction" de Gaza est évoquée comme chantier économique futur, financé par les Émirats, promu par les USA, organisé par des boîtes de consultants qui parlent de “revitalisation urbaine” pendant que les cadavres fument encore.
Un jour, des agents immobiliers vendront peut-être :

“Appartement à 200 mètres de la mer, 100 mètres de l’explosion. Vue dégagée. Locaux expropriés.”

Et si tout ça vous choque, c’est que vous êtes encore humains. Mais rassurez-vous, ça passera. L’indignation a une durée de vie plus courte que les stories Insta.

Gaza, aujourd’hui :
- 50 000 morts
- Des ruines à perte de drone
- Et une poignée de fous pour se demander s’il reste assez de plage pour planter des transats.

Pas besoin de fiction dystopique, la réalité fait mieux.
Gaza Paradise™ : Where trauma meets tourism.

2. Chiffres de la honte : quand 50 000 morts ne font même plus la une

50 000 morts.
C’est le chiffre. Brut, froid, prêt à être rangé dans un fichier Excel entre “Nombre de frappes” et “Livraisons de munitions”. On dirait presque une info météo : "Ciel dégagé à Tel-Aviv, tempête de cadavres à Gaza."

14 770 enfants. Morts.
Mais attention : ici, l’indignation vient avec modération, comme l’alcool à table chez les diplomates. On "déplore", on "exprime sa préoccupation", on "suit la situation de près", comme si on parlait d’un embouteillage à la Défense.

C’est l’ère de la nécro-statistique.
Les civils ? Des lignes dans un rapport. Des bullet points dans une réunion de crise où personne ne crie. Même pas un powerpoint en Comic Sans pour égayer le génocide.
Un nombre trop grand pour faire mal, et trop loin pour déranger nos siestes européennes.

Le plus fort ?
Certains osent dire : “Oui, mais combien étaient vraiment civils ?”
Tu vois ce que c’est que de tuer deux fois quelqu’un ?
D’abord tu l’écrases sous les décombres, et ensuite tu le recycles en “potentiel terroriste”, sans autre preuve que son appartenance géographique.
Tué, puis nié. C’est ça, la double mort.

Et pendant ce temps, sur Twitter :
- "Omg Taylor Swift a changé de coupe"
- "Let Gaza Live" en trend pendant 12 heures.
- Puis plus rien.

Les chiffres s’effacent. L’attention dévie.
Le drame devient habitude. La tuerie, un bruit de fond.

Pendant ce temps-là, à l’ONU, on se regarde entre gens polis en votant des résolutions inutiles comme on coche une case : "Oui, j’ai fait ma part. Next."
Les États-Unis ? Le bras levé au Conseil de sécurité pour dire “non”, parce que dire “oui” c’est mauvais pour les affaires.

Et vous, derrière votre écran : est-ce que vous savez que chaque chiffre cache une histoire ?
Un gamin qui courait vers l’école. Une femme qui cuisinait. Un grand-père qui ne comprenait plus pourquoi on tirait dans son salon.
Mais on ne les verra pas.
Ils ne sont pas instagrammables.

Et maintenant ? On fait quoi ?
On scroll.
On like.
On passe.

50 000 morts.
Et on se demande encore s’il y a "vraiment un problème".

3. Le Grand Israël™ : rêve divin ou dystopie PowerPoint sponsorisée par l’Histoire ?

Bienvenue dans le cerveau PowerPoint de ceux qui veulent refaire la carte du Moyen-Orient avec un surligneur et une vision biblique en 4K.
Le Grand Israël™, c’est ce rêve de géopolitique sacrée où les frontières ne se dessinent pas avec des traités, mais avec des versets et des bulldozers.

À la base, c’était une promesse mystique, vaguement poétique : “de la mer jusqu’au fleuve”... mais on dirait qu’un marketeux zélé a eu l’idée de l’imprimer sur une serviette en papier chez McKinsey.
Depuis, c’est devenu un business plan en mode conquête divine + immobilier de luxe.

Des temples à reconstruire, des terrains à raser, des populations à dégager : l’histoire s’écrit à coups de pelle mécanique et de prières militarisées.
On ne parle plus de territoires, mais de “zones stratégiques pour la sécurité nationale”. C’est plus propre, ça sonne moins colonial. Même les tanks ont une communication de crise.

Le sociologue israélien Yaron Meir appelle ça “l’ubérisation de la prophétie”.
Tu prends un texte sacré, tu y colles une appli de cartographie, et tu justifies n’importe quelle annexion comme un “retour aux sources”.
Sauf que les sources, elles débordent de sang et d’expulsés.

Et puis, évidemment, il y a la startup nation. Parce que si Dieu est propriétaire du bail, le Board exécutif, lui, bosse chez BlackRock.
Coloniser ? Non, voyons. “Valoriser un territoire sous-occupé.”
Déplacer ? Pas du tout. “Offrir une meilleure alternative géographique à des populations mobiles.”

Le Grand Israël, c’est aussi ce fantasme de puissance dans un monde post-shoah, post-défense, post-tout.
Un rêve paranoïaque, où la seule sécurité possible est celle obtenue par la suppression des autres.
C’est l’histoire d’un peuple traumatisé... devenu bourreau, au nom de son propre salut.

Et pendant ce temps, les peuples alentours regardent cette expansion avec la même impuissance que devant un cancer qui se généralise.
On n’ose plus rien dire, de peur d’être traité d’antisémite ou d’idiot utile.
Et donc on laisse faire.

Une dystopie en marche. Mais avec des slides. Et des subventions.

4. Airbnb sur les cendres : business is business, et je touche ma com'

Bienvenue dans l’enfer entrepreneurial du XXIe siècle, où même la guerre devient une opportunité de cashflow.
T’as du béton, des ruines, et zéro loi ?
Parfait ! C’est le moment de lancer ta startup.

À Gaza, pendant que les gens crevaient sous les gravats, des mecs en costard cravate dessinaient des plans d’investissement.
Objectif : “reconstruction”.
Traduction ? Colonisation version 2.0 avec appli mobile et moteur de réservation.

Des villas design pour ultra-sionistes connectés, avec piscines à débordement surplombant l’ancienne école primaire bombardée.
Airbnb Palestine Edition : “Sleep where history happened. Literally.”
Chaque nuit réservée inclut un petit-déj et un droit de propriété contesté par l’ONU. Pas mal, non ?

Les entreprises ? Ravies.
Les États arabes ? Muets.
Parce qu’au fond, tant que le business tourne, les cadavres peuvent sécher en silence.

Et toi, citoyen du monde, tu crois que tu y échapperas ?
Non. Tu touches ta com'.
Tu payes tes impôts, l’État les verse à des lobbies, qui financent des drones, qui rasent des quartiers, qui sont ensuite rachetés pour des clopinettes, transformés en logements de luxe, mis en location sur des plateformes que tu utilises.

Tu payes.
Tu participes.
Tu partages l’annonce sans le savoir.
“Chambre double avec vue sur l’apocalypse. Wi-Fi gratuit.”

Et les pays du Golfe dans tout ça ?
Silence radio, business class.
Certains ont même proposé d’investir dans la reconstruction... mais à condition qu’il n’y ait plus un seul Palestinien à reconstruire autour.
C’est plus simple niveau logistique.

Dr. Alia Khoury parle de “blanchiment de crimes par architecture”.
Un terme parfait : on lave l’horreur avec du béton ciré.
On remplace les cimetières par des terrasses avec vue.
Et on appelle ça “progrès”.

Même l’armée israélienne a pigé le filon :
“On prépare le terrain.”
Littéralement.

Et toi ? T’es là à râler sur la taxe d’habitation, pendant que des multinationales encaissent des loyers sur des terres volées à la roquette.

Business is business.
Et t’as même pas ton cashback.

5. Et les Juifs de France dans tout ça ? Entre loyauté, malaise et fracture existentielle

Ah, les Juifs de France. Ces funambules émotionnels, équilibrant leurs convictions sur le fil tranchant de l’Histoire, un œil rivé sur les bombes à Gaza, l’autre sur les regards lourds dans le métro.
Et entre les deux, ce putain de malaise.

Parce que quand tu t’appelles David, que tu manges casher, que tu votes peut-être à gauche et que t’as grandi avec l’idée que “plus jamais ça”, tu fais comment pour digérer ce qu’il se passe là-bas sans te sentir arraché en deux ?

D’un côté : Israël, refuge, fierté, Histoire d’un peuple debout.
De l’autre : les images de bébés calcinés, d’enfants creusant des tombes à la petite cuillère, et une armée qui dégaine plus vite que les justifications de Netanyahou à la Knesset.
“C’est compliqué”, tu dis.
Non, c’est schizophrénique.

Et quand tu oses dire un mot, tu te fais allumer de tous côtés :
– "T’es un collabo du Hamas"
– "T’es un sioniste génocidaire"
– "T’as pas honte ?"
– "T’as pas compris ?"

En fait, t’as pas le droit d’exister nuancé.
On veut que tu choisisses : Israël ou l’humanité.
Comme si tu pouvais pas aimer ton peuple ET pleurer un gosse palestinien.

Certains choisissent le silence.
D’autres se débattent dans des débats stériles, des plateaux TV aux airs de ring, entre Eric Zemmour et des militants en sueur.
Et pendant ce temps, la fracture grandit, insidieuse.

Et puis il y a les synagogues surveillées, les écoles juives sous escorte, comme un rappel quotidien que quoi que fasse Israël, c’est toi, ici, qui en paieras le prix.
Les regards, les soupçons, les amalgames — comme si t’étais l’ambassadeur officiel du Mossad à Montreuil.

On en parle peu, mais cette guerre-là, tu la vis aussi. Intérieurement. Chaque jour.
Et elle te crame l’âme, doucement, comme un encens de culpabilité.

Alors tu fais quoi ?
Tu pleures en cachette.
Tu marches pour la paix mais on t’accuse de trahison.
Tu défends les droits humains mais on t’arrache ton étoile.
Tu veux juste exister entier, sans être forcé de choisir entre ta dignité et ta mémoire.

Et peut-être que, pour une fois, on pourrait t’écouter.
Pas pour te juger.
Pas pour te faire choisir.
Mais juste pour te laisser dire :
“Je suis juif. Et j’ai mal.”

Billets en rapport

Commentaires