1. Bienvenue au Cirque du Capital : entres, clowns, donnes ton fric
Mesdames, messieurs, enfants du numérique et vieux réfractaires du billet de 10 : BIENVENUE dans le plus grand show de l’économie moderne ! Installez-vous confortablement, sortez votre carte bleue sans contact, scannez votre QR code fidélité, et surtout… n’essayez pas de payer en cash, bande de sauvages archaïques.
Parce que, soyons honnêtes deux secondes : le cash, c’est ringard. C’est sale, ça traîne dans les poches, ça sent la sueur et les brocantes, et — horreur ultime — ça ne laisse pas de traces. Oui, vous avez bien lu. C’est comme une capote pour le capitalisme : ça empêche la pénétration en profondeur de tes données personnelles.
Mais heureusement, nous sommes en 2025, et la société est devenue plus propre que jamais (en surface). Plus de billets à manipuler, plus de pièces qui glissent entre les sièges de la voiture, plus de pourboires en douce au serveur sous la table. La transparence est totale, comme ton compte en banque à la fin du mois.
💳 Le paiement dématérialisé, c’est l’avenir. T’es pisté, t’es fliqué, t’es géolocalisé. Et franchement ? C’est génial. Parce que maintenant, ton banquier sait exactement combien de fois tu commandes des sushis en pleurant un mardi soir, et combien tu claques dans des gadgets inutiles à 3h du mat sur AliExpress. Mieux : l’algorithme peut te proposer un prêt personnel "instantané" pour acheter des trucs dont t’as pas besoin, en temps réel, pendant ta crise existentielle. MAGIQUE.
Et surtout, plus de black. Fini le petit billet glissé à ton plombier ou à la baby-sitter. Terminée la vente de la vieille tondeuse à gazon sur LeBonCoin en cash. Tout est traçable, mon pote. Big Brother t’observe, mais avec amour. 🥲
Imagine un monde où tu ne peux plus offrir un pot-de-vin sans créer une ligne comptable. Où tu ne peux plus payer une leçon de guitare à ton neveu sans que l’URSSAF te regarde de travers. Où même tes dons à la quête de l’église doivent passer par PayPal. Bah ce monde, c’est maintenant. Et ça s’appelle le progrès.
Donc, s’il te plaît, range tes pièces rouges, arrête de me tendre ton billet chiffonné comme si t’étais un rebelle. Parce qu’à partir d’aujourd’hui, tu ne détiens plus ton argent : tu loues l’accès à ta monnaie digitale, sous surveillance algorithmique constante, et tu dis merci.
Et toi, le petit malin qui pense encore que "le cash, c’est la liberté" ? J’ai une news pour toi : la liberté, c’est fini. Elle n’est plus cotée en bourse.
2. Le cash, c’est sale : alors on va le désinfecter… à coups de suppression
(idée de Dr. Maxime Fricard)
Ah, le cash. Ce vilain petit canard du monde moderne. Ce truc physique, palpable, odorant parfois — vestige poussiéreux d’un monde où l’on croyait que posséder un billet de 20, c’était vraiment avoir quelque chose. Quelle blague.
Aujourd’hui, grâce aux champions du capitalisme hygiéniste, on sait que le cash est sale. Littéralement. Il passe de main en main, il traîne dans les fonds de poche, il a touché des doigts de SDF, de dealers, de boulangers et de grand-mères. Il a sûrement été en contact avec plus de bactéries qu’un bouton d’ascenseur dans une boîte de nuit. Beurk.
Mais heureusement, nos chers dirigeants ont trouvé une solution radicale : supprimons-le. Pas petit à petit, non. À la tronçonneuse. Fermeture des distributeurs, plafonnement des paiements en espèces, refus du liquide dans certains commerces — le tout enrobé d’un discours de santé publique et de sécurité. "Pour votre bien", bien sûr. Toujours.
Tu veux payer ta baguette avec un billet ? Ouh là, c’est louche. Tu veux retirer 200 euros en liquide ? Mais pourquoi faire ? Tu planques un cadavre ou quoi ?
Parce que oui, dans la narration officielle, celui qui utilise du cash est automatiquement suspect. Un criminel. Un fraudeur. Ou pire : un pauvre. Et ça, c’est impardonnable.
Mais soyons justes. Cette guerre contre le cash, ce n’est pas juste pour te faire culpabiliser. Non non. C’est aussi pour permettre à nos chers amis banquiers et géants du numérique de prendre leur part. Car chaque transaction digitale, c’est un petit pourcentage qui part chez Visa, Mastercard, Apple, Google ou ta banque préférée (celle qui t’a supprimé ton conseiller pour le remplacer par un chatbot dépressif).
Et surtout, le cash, c’est ingérable pour l'État. Il ne peut pas tout fliquer, tout contrôler. C’est frustrant. Avec le numérique, par contre ? Ah là, c’est Noël tous les jours.
Tu dépenses 38,90€ dans une boutique ésotérique ? L’algorithme le note.
Tu fais des courses dans un magasin bio et tu ne prends pas de viande ? Hop, tu entres dans la case "végétarien susceptible de radicalisation éco-anxiogène".
Ton profil s’enrichit. Ton avenir s’appauvrit.
Dr. Maxime Fricard le dit très bien :
"Le cash est subversif parce qu’il est libre. Et le système ne veut plus de liberté. Il veut de la transparence… mais uniquement pour toi."
Donc, réjouis-toi : on désinfecte ton portefeuille en l’évaporant. Et à la fin, tu pourras enfin dire, en tendant ton téléphone à la caissière robot :
"Je paie avec ma dignité. Sans contact."
3. Fais-le toi-même, feignasse !
(inspiré de Sindy Lagache)
Autrefois, dans un lointain passé qu’on appelait "la dignité", tu allais au supermarché, tu remplissais ton caddie de denrées plus ou moins vitales (bonbons Haribo, PQ, surgelés Picard), puis tu te dirigeais vers une caissière humaine. Elle te disait bonjour, bipait tes articles, et te souhaitait une bonne journée sans sarcasme apparent. C’était le bon vieux temps, ou plutôt... le temps trop cher.
Car aujourd’hui, cher client, tu es promu employé bénévole. Oui, c’est la magie du XXIe siècle : t’as pas signé de contrat, t’as pas eu de formation, mais t’as déjà un poste. Félicitations.
Bienvenue dans l’ère de l’auto-esclavage assisté par scanner laser.
Les grandes enseignes ont eu une idée lumineuse :
"Et si on faisait bosser le client à notre place ? Gratuitement ?"
Et vas-y que tu scannes toi-même. Et vas-y que tu t’énerves parce que la balance ne reconnaît pas ton paquet de knackis. Et vas-y que tu dois appeler l’unique agent en charge des six bornes défectueuses, pendant qu’une voix robotisée te susurre en boucle :
"Un article non reconnu a été détecté dans la zone de dépose. Veuillez patienter."
Mais pourquoi s’arrêter là ? Pourquoi pas des rayons où tu ranges toi-même les produits en stock ? Une station essence où tu raffines ton carburant à partir de brut ? Une pizzeria où tu abats la vache, mouds la farine, et fabriques ta pâte ?
Autonomie, qu’ils disaient. Exploitation 2.0, qu’on vit.
Et cerise sur le gâteau au cyanure : on t’a vendu ça comme une avancée technologique. Une "expérience fluide et moderne", où tu peux faire tes courses sans parler à personne, comme un sociopathe efficient.
Tu ne veux plus interagir avec des humains ? Aucun souci. Mais ne viens pas pleurer quand une voix monotone de robot t’explique que ta carte est refusée en public.
Et maintenant ? Les enseignes font machine arrière. Trop de bugs. Trop de vols. Trop de clients qui ne savent même pas où passer leur code-barre. Même les patrons se disent : "Mince, finalement, les caissières, c’était pas si con."
Merci Sindy Lagache, ex-caissière et prophétesse moderne :
"Ils ont voulu nous remplacer par des machines. Résultat : ils ont découvert que les machines, elles en ont rien à foutre des clients."
Moralité : tu bipes, tu bosses, tu payes, tu te plains. Et tout ça, sans fiche de paie. Bravo champion.
4. Plus de guichetiers ? Plus de soucis !
Tu te souviens des guichetiers ? Ces créatures étranges enfermées derrière une vitre, dans des banques aux moquettes déprimantes, capables de te donner du cash, de t’expliquer un virement, ou même, dans un moment de grâce, de te rassurer sur ton découvert abyssal. Eh bien… oublie-les.
Aujourd’hui, les guichetiers ont rejoint le club très select des espèces disparues : au même titre que les dodos, les cabines téléphoniques et la politesse chez les influenceurs.
Pourquoi ? Parce que, voyons, le progrès ! Et le progrès a décrété que parler à un humain pour gérer ton argent, c’était archaïque, coûteux, et trop… humain.
Alors on a remplacé ces gens formés, compétents et un tantinet sarcastiques (comme toi quand tu te pointais à 12h59) par des applications mobiles froides comme un frigo vide.
Tu veux un prêt ? Clique ici.
Tu veux bloquer ta carte volée ? Navigue dans 14 menus incompréhensibles.
Tu veux parler à quelqu’un ? HAHAHA. Trop tard.
Et ne te plains pas. On t’a mis un chatbot. Il s’appelle peut-être Kevin, ou Lydia, ou "ServiceBot_248", et il est entraîné à comprendre jusqu’à deux émotions : agacement et abandon.
Mais attention, la suppression des guichetiers, ce n’est pas juste une lubie d’ultra-riches en manque de dividendes. C’est aussi un chef-d’œuvre de rentabilité.
Plus de salaires à payer, plus de congés maladie, plus de pauses café avec Jeanine de la compta.
Que du bonheur pour les actionnaires.
Et toi, là, avec ton problème de RIB espagnol bloqué et ton virement international coincé en orbite ? Bah… tu peux toujours envoyer un mail. On te répondra. Un jour. Peut-être.
Le pire, c’est que tu t’en es presque habitué. Tu t’es résigné à ne plus parler à personne pour gérer ce qui te fait vivre. Tu trouves ça normal.
"C’est moderne."
Non. C’est glacial, déshumanisant, et volontairement conçu pour que tu lâches l’affaire.
Parce qu’un client qui abandonne, c’est un client qu’on peut pigeonner en paix. Pas de bruit. Pas de réclamation. Pas d’empathie.
Mais hey, au moins tu peux consulter ton solde à 3h du matin, dans ton lit, en pyjama moche, pendant que ta banque investit ton argent dans des trucs que tu n’as jamais validés.
Plus de guichetiers ?
Non.
Plus de souci pour eux. Beaucoup plus pour toi.
5. Les milliardaires sous couverture : Mission Infiltration
Ah, les milliardaires. Ces êtres mystérieux, parfois chauves, souvent discrets, jamais à découvert (contrairement à toi). On croit les connaître — Elon, Jeff, Bernard — mais ceux-là sont juste les clowns de devant, les marionnettes d’un théâtre financier beaucoup plus tordu.
Les vrais boss ? Tu ne connais même pas leur nom. Et c’est exactement comme ça qu’ils aiment ça.
Ils vivent dans l’ombre, mais pas genre "ninja cool" — non, plutôt version "parasite fiscal à lunettes Gucci", planqué derrière douze holdings aux noms si abstraits qu’on dirait des albums de jazz expérimental : Alpha Synergy 3, Nebula Holdings, Tranquility Trust SA. Aucun lien avec la paix, évidemment.
Leur mission ? Toujours plus. Pas d’idéal, pas de projet de société, pas de morale — juste la croissance du chiffre, cette divinité moderne qu’on vénère comme autrefois on brûlait des vierges pour que la pluie tombe.
Et pour faire grossir leur empire ? Ils n’ont pas besoin de tank ni de fusil. Ils ont des startups, des algorithmes et ta flemme.
Car pendant que tu t’extasies devant la nouvelle appli qui te fait livrer un sandwich par drone, eux, ils récupèrent tes données, tes préférences, ton rythme cardiaque et ta dépendance au sucre. Et ils les revendent à un autre type plus riche qu’eux (oui, c’est possible) pour qu’il te pousse à acheter encore plus de merde inutile en trois clics.
Et si jamais tu veux t’opposer à ce système ? Eh bien… bonne chance.
Tu veux payer en liquide ? On te regarde comme un terroriste.
Tu veux refuser une appli de paiement ? On te supprime l’accès au service.
Tu veux un rendez-vous physique avec un conseiller ? Mais enfin, monsieur, nous sommes en 2025, prenez rendez-vous avec notre hologramme.
Ces gens-là, ils ne dirigent pas des pays : ils dirigent des flux. D’argent, de données, de comportement. Ils ne font pas de politique, non. Ils l’achètent.
Et le plus beau ?
Ils te font croire que tout ça, c’est pour ta liberté.
Ta liberté de consommer plus vite, plus seul, plus fliqué.
Alors la prochaine fois que tu regardes ton compte en banque fondre comme une glace au soleil, pose-toi la bonne question :
"Est-ce que je suis en train de vivre... ou d’être cultivé comme une ressource exploitable par un milliardaire camouflé en application mobile ?"
Mais bon, ça va. Tant que tu peux payer ton café avec ta montre, tout va bien, non ?
6. Erreur 404 : Humanité non trouvée
(vision de Jean-Patrick Moïra)
Dans un monde pas si lointain, on croyait encore que l’humain avait une petite place, quelque part, entre deux serveurs informatiques et une réunion Zoom sans âme.
Mais ce temps est révolu. Aujourd’hui, l’humain, c’est le bug.
Tu veux appeler un centre client ? Tu tombes sur une IA plus froide qu’un poisson pané congelé.
Tu vas à la banque ? T’as un mur d’écrans tactiles.
Tu rentres dans un supermarché ? T’as l’impression d’entrer dans un escape game post-apocalyptique où le seul moyen de t’en sortir, c’est de scanner tes achats et ton ADN.
Et c’est normal, hein.
Le but ultime, ce n’est pas juste d’automatiser les tâches… c’est d’éradiquer le facteur humain.
Pourquoi ? Parce que l’humain, c’est imprévisible.
Il tombe malade. Il pleure. Il demande des pauses. Il s’indigne, parfois.
Il veut comprendre, contester, poser des questions.
Bref, c’est un emmerdeur.
La machine, elle, ne conteste pas. Elle ne pleure pas, ne fait pas grève, ne syndique pas.
Et toi, quand tu fais face à elle, tu te rends compte que ce n’est plus toi qui utilises la technologie… c’est elle qui t’utilise.
Jean-Patrick Moïra, ex-banquier devenu chamane technocritique, le résume parfaitement dans un moment de lucidité mystique sous ayahuasca :
"Ce n’est pas le progrès qui a remplacé l’humain. C’est le contrôle, déguisé en confort."
Tu penses que c’est pratique, ton paiement sans contact ?
C’est surtout un contact sans réflexion.
Tu cliques, tu payes, tu souris. Et tu recommences. Comme un cobaye dans une expérience géante qui s’appelle "capitalisme 3.0", version sans option "off".
Le plus ironique dans tout ça ? C’est que plus on supprime les humains… plus on simule leur présence.
Des voix synthétiques qui disent "Bonjour, comment puis-je vous aider ?"
Des avatars qui sourient en boucle sur les sites de SAV.
Des robots qui te souhaitent "une belle journée" alors que tu viens de perdre 200 balles dans une transaction non remboursable.
On est passés d’un monde où les machines aidaient les humains, à un monde où les humains doivent s’adapter aux machines.
Et si tu refuses ?
Erreur 404. Toi-même, t’es plus reconnu dans le système.
Mais t’inquiète. Tant que t’as ton identifiant et ton mot de passe, t’as encore un peu de valeur.
Enfin… jusqu’à ce que l’IA décide que ton profil est obsolète.
7. Les caisses automatiques se rebellent (ou presque)
(retour de flamme analysé par Sindy Lagache)
Elles sont arrivées fièrement, ces boîtes froides et lumineuses, promues comme la quintessence du progrès.
Les caisses automatiques.
Elles devaient nous libérer.
De l'attente, des sourires forcés des caissières, des échanges humains gênants avec une dame nommée Jocelyne qui bipait ton lubrifiant intime à côté de ton camembert.
Révolution, qu’ils disaient.
On nous a vendu l’idée d’un monde où tout serait fluide, rapide, technologique.
"Scanne ton bonheur, paie ta liberté, évite les humains."
Mais y’a eu un hic.
Plusieurs, même.
D’abord, les bugs.
La machine qui se fige comme une statue de Pâques dès que tu poses un sac.
Le code-barres qui refuse de se laisser scanner, comme s’il avait une crise identitaire.
L’alerte permanente pour un produit "non autorisé dans la zone de dépôt", alors que t’as juste posé tes pommes bio.
Et le summum : le besoin d’appeler un employé pour venir "valider" que t’es pas un voleur, donc… un humain. Ironique, hein ?
Ensuite, les gens.
Oui, parce qu’il y a un problème majeur avec les caisses automatiques : les clients.
Certains sont paumés. D’autres sont stressés. Et beaucoup sont des trolls IRL, qui scannent un pot de Nutella en tapant frénétiquement sur "bananes" dans le menu.
Ajoute à ça les gosses qui appuient partout, les vieux qui cherchent encore où insérer un billet de 100, et les jeunes qui filment tout pour TikTok...
Et tu obtiens un cauchemar logistique avec ambiance zoo urbain.
Sindy Lagache, notre oratrice du peuple caissier, l’a bien dit :
"À force de vouloir remplacer les humains par des machines, on a oublié que les humains sont déjà très nuls à faire eux-mêmes ce que faisaient d’autres humains pour eux."
Et maintenant ?
Retour de flamme. Auchan, Leclerc, Carrefour : ils reviennent en arrière.
Ils rappellent les caissières. Ils remettent des vrais gens. Parce qu’au final, une caissière, ça ne plante pas quand tu passes un melon. Et en bonus, elle sait dire "bonne journée" avec un peu plus de sincérité que Google Assistant.
Le progrès, parfois, c’est un boomerang.
Et quand il revient dans la tronche des grandes enseignes, on ne peut que sourire.
Mais doucement, hein, parce que la machine t’observe toujours.
8. Le hold-up parfait : t’avais du cash, maintenant t’as plus rien… même pas ta dignité
(synthèse des trois experts)
Tu sais, autrefois, on volait les gens avec une cagoule, un fusil à pompe et une petite phrase culte : "Ceci est un hold-up."
Aujourd’hui, plus besoin de cagoule. On te pique ton fric, ta liberté et ton anonymat avec une application mobile et une interface "expérience utilisateur".
C’est clean, c’est moderne, c’est sans contact.
Mais le résultat est le même : t’es à poil.
On t’a fait croire que c’était "plus pratique".
Et toi, petit animal numérique, tu as applaudi.
Tu as applaudi la disparition du cash.
Tu as souri quand la guichetière a été remplacée par une borne froide comme ton ex.
Tu t’es extasié quand ta montre a fait "bip" au lieu de sortir un billet.
Mais à quel prix ?
Tu ne possèdes plus ton argent.
Il vit dans une banque, sous condition.
Il circule à travers des câbles, sous autorisation.
Il existe tant que tu es bien noté dans le système.
Et s’il y a un bug ? Une suspicion ? Une mauvaise note sur ton "profil client" ?
Game over.
Même pour donner une pièce à un SDF, bientôt, faudra qu’il ait un terminal de paiement.
Et toi, sans cash, sans choix, sans pouvoir réel, t’es devenu un simple utilisateur… de ta propre existence.
Mais bon, au moins c’est fluide, non ?
Tu veux te rebeller ? Acheter sans trace ?
Trop tard. Le hold-up est terminé.
On a pris ton argent,
On a pris ton autonomie,
Et on t’a laissé une carte, un code PIN, et un écran qui dit :
"Paiement accepté. Merci de votre soumission."
Jean-Patrick Moïra a résumé ça en une phrase chamanique :
"Tu ne perds jamais ton argent. Tu le transformes en données, et ces données appartiennent déjà à quelqu’un d’autre."
Alors voilà.
Le braquage parfait.
Pas de victime visible. Pas de violence. Pas de sang.
Juste un peuple entier qui glisse dans le gouffre, sourire aux lèvres, portefeuille vide, et notification de crédit à la con sur son téléphone.
Mais ne t’inquiète pas…
On t’offre des points de fidélité.
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