La Nostalgie du Franc : Quand 5 Francs Te Rendaient Immortel (Et le Bitcoin N'existait Pas)

1. Introduction : Quand 5 francs te rendaient immortel (ou au moins heureux)

On a tous une petite cicatrice de l'enfance, un pixel manquant dans la matrice du souvenir. Pour moi, c’est le son d'une cassette qui se rembobine, l'odeur de la poussière sur les vieux jouets en plastique, et le poids rassurant de cinq francs glissés dans ma poche. Cinq francs ! Une somme dérisoire aujourd'hui, capable à peine d'acheter un chewing-gum au coin de la rue. Mais il y a une époque où ces 5 francs te rendaient immortel. Immortel dans l’imaginaire d’un gamin qui pouvait s'offrir un paquet de Bonbons Kirsch, ou une demi-heure à jouer aux fléchettes avec le gérant du magasin.

On grandit en se croyant invincible, armé des rêves naïfs d'un avenir radieux et de la certitude inébranlable que l’argent finirait par couler à flots. On n’avait pas de smartphone pour nous surveiller, pas de réseaux sociaux pour nous comparer, pas de parents stressés pour nous dicter nos lois. On se débrouillait avec ce qu'on avait : un vélo rouillé, des genoux écorchés et une imagination fertile.

Aujourd'hui, on nous vend la liberté à prix d'or, dans des écrans scintillants et des abonnements illimités. Mais est-ce vraiment de la liberté ? Ou juste une prison dorée où l’on paie pour respirer ? Et ça, mes amis, c’est le sujet dont on va parler aujourd’hui : l'absurdité de notre époque, illustrée par un simple chiffre : cinq francs.

2. Les prix qui explosent, sauf quand il s'agit de ton salaire

Le temps a ce don particulier d’édulcorer le passé, de gommer les aspérités et de magnifier les détails insignifiants. On se souvient avec nostalgie du goût unique d’une glace à la vanille que l’on ne retrouve plus aujourd’hui. On évoque avec tendresse les après-midi passés à construire des cabanes dans les arbres, oubliant superbement les coups de branches et les piqûres de moustiques. Mais on a tendance à oublier, ou plutôt à refuser de voir, la réalité économique qui se cachait derrière cette façade idyllique.

L’inflation, ce monstre invisible qui ronge nos économies depuis des décennies, n'est pas une nouveauté. Les prix ont toujours augmenté. Mais l'écart entre l’augmentation des prix et la stagnation relative des salaires a atteint des proportions abyssales. Une baguette de pain qui coûtait 10 centimes dans les années 70 coûte aujourd’hui plus d’un euro. Un loyer, qui se mesurait autrefois en quelques semaines de salaire, s'envole désormais vers des sommes astronomiques. Et pendant ce temps, notre pouvoir d'achat continue de s'éroder, lentement mais sûrement.

Alors oui, on peut se consoler en se disant que les télévisions ont gagné en qualité, que les ordinateurs sont plus performants et que le café est disponible dans tous les coins de rue. Mais cela ne change rien au fait que l’on travaille toujours plus pour gagner moins. Et ça, mes amis, c'est un problème. Un problème majeur qui mérite d'être abordé avec lucidité et sans faux-semblant.

3. La baguette à 10 centimes contre loyer à 1 200€ : cherchez l’erreur

L'absurdité de la situation actuelle se mesure dans les détails. Prenons, par exemple, une simple baguette de pain. Dans le monde d’avant, une poignée de pièces suffisant pour en acquérir un exemplaire croustillant et parfumé. Un symbole de subsistance, un plaisir quotidien accessible à tous. Aujourd'hui ? Une dépense qui pèse dans le budget des ménages modestes.

Et parlons du logement ! La baguette à 10 centimes était une réalité tangible, une expérience vécue par des générations entières. Mais le loyer de 1200€ pour un studio miteux, lui, est devenu la norme, un fardeau insupportable pour une large part de la population. Une aberration qui témoigne d'une déconnexion totale entre les besoins fondamentaux et les réalités économiques.

Il y a quelque chose de profondément choquant dans cette disproportion. Ce n’est pas qu’il faille renoncer au progrès ou à l’innovation, bien sûr. Mais est-il vraiment acceptable que l’on dépense davantage pour un café bon marché que pour assurer un toit décent à une famille ? Est-ce là le signe d'une société juste et équitable ? Je vous le demande. Et je ne crois pas avoir besoin de la réponse.

C'est une "erreur" évidente, une anomalie criante qui appelle à une remise en question radicale de notre système économique et social. Un système où l’argent semble être devenu la seule valeur universelle. Un système où l’on a oublié ce que signifie vivre décemment.

4. Les enfants d’hier savaient réparer un vélo, ceux d’aujourd’hui paient pour une appli lampe torche

Le savoir-faire, cette capacité innée à résoudre les problèmes avec ingéniosité et débrouillardise, s'est évaporé dans l'air raréfié de notre société hyper-connectée. Les enfants d'avant, ceux qui ont grandi sans la surveillance constante des écrans, apprenaient à faire, à réparer, à construire. Un vélo cassé n’était pas une catastrophe, mais un défi à relever avec quelques outils et beaucoup de patience. Une lampe défectueuse ? On la réparait, on la bricolait, on improvisait.

Aujourd'hui, ces compétences ont disparu, remplacées par une dépendance totale à la technologie. Un vélo cassé est synonyme d’appel au service après-vente ou, plus simplement, de remplacement immédiat. Une lampe défectueuse ? Pas de panique ! Il existe une application pour ça… Et bien sûr, il faut payer un abonnement mensuel pour avoir le droit de bénéficier de cette lumière virtuelle.

C'est une forme insidieuse d’asservissement. On nous prive de notre autonomie, on nous rend impuissants face aux aléas de la vie quotidienne, on nous infantilise à outrance. Et le pire, c'est que l'on semble s'y résigner, comme si cette déchéance était inéluctable.

Le savoir-faire se transmettait de génération en génération. Aujourd’hui, il se perd dans les méandres d’internet. Une tragédie silencieuse qui nous éloigne de notre passé et nous prive d'un avenir plus durable. Un avenir où l'on pourrait peut-être encore réparer son propre vélo.

5. On n’avait pas grand-chose, mais au moins on ne payait pas pour respirer

L'ubiquité de la marchandisation a atteint des proportions hallucinantes. Tout est devenu une source de profit, même ce qui était autrefois considéré comme un bien commun, une ressource naturelle inépuisable : l'air que nous respirons. L’eau potable est conditionnée et vendue dans des bouteilles en plastique. Le soleil est taxé sous le nom de "contribution climat". Et bientôt, peut-être, il faudra payer pour avoir le droit de contempler un coucher de soleil.

L'ironie est mordante. On nous parle d'économie circulaire, de développement durable et de responsabilité sociale des entreprises. Mais en réalité, on assiste à une course effrénée à la rentabilité où tout, absolument tout, est monétisé. Les forêts sont dévastées pour faire place à des plantations industrielles. Les océans sont pillés par des flottes de pêche avides. Et les ressources naturelles sont exploitées sans vergogne au nom du progrès et de l'innovation.

On n’avait pas grand-chose, il y a quelques décennies. Mais on avait le luxe d'être libre. Le luxe de respirer sans se sentir coupable. Le luxe de contempler la beauté du monde sans avoir à débourser un centime. Un luxe que l'on perd peu à peu, au profit d’une société où tout est soumis à la loi du marché.

Et ça, mes amis, c'est une tragédie qui mérite d’être déplorée. Une tragédie dont on doit tirer les leçons avant qu’il ne soit trop tard. Avant que l’on ne doive payer pour respirer, même si l'air est pollué et chargé de regrets.

6. Le salaire minimum ? Une expérience sociologique cruelle sponsorisée par l’État

Le "salaire minimum", ce concept absurde qui consiste à fixer une limite basse au prix de la force de travail, est un véritable aboutissement de notre système économique. Une sorte d'expérience sociologique cruelle, menée sous les auspices de l'État. On se complaît dans le déni : "Oui, c’est peu, mais c'est mieux que rien." Pourtant, derrière ce vernis paternaliste se cache une réalité amère : la perpétuation de la précarité et l’exploitation des plus vulnérables.

Charles Gave, cet économiste visionnaire, ne s'est pas trompé : « L’euro est un désastre économique total. » Une vérité que les politiciens préfèrent ignorer pour ne pas remettre en question le statu quo. Le "salaire minimum" n’est qu’un symptôme d'une maladie bien plus profonde : la déconnexion entre la production de richesse et sa répartition équitable.

Philippe Seguin, Jean-Pierre Chevènement, Emmanuel Todd... tous ces penseurs critiques ont alerté sur les dangers de l'euro dès ses débuts. Ils avaient raison. Mais qui a écouté ? L’Europe est construite sur des fondations fragiles et injustes, où le profit prime sur le bien-être collectif.

Et pendant ce temps, on nous encourage à croire en la "croissance" et en l'emploi productif. On nous demande d’être patients, de faire confiance aux experts et aux politiques. Mais la réalité est là, palpable, douloureuse : le "salaire minimum" n’est qu'une illusion, une promesse non tenue qui maintient les gens dans un cercle vicieux de pauvreté et de dépendance.

7. Pourquoi on survit mieux avec des souvenirs qu’avec du bitcoin

Dans cette frénésie numérique, où l'on nous vante les mérites de l'investissement et de la spéculation, on a oublié le vrai sens du bonheur. On s'est persuadé que la richesse se mesurait en bitcoins, en actions, en obligations... Oubliant qu’elle réside dans des choses simples : un sourire d'enfant, une promenade au soleil, le goût d'une tarte aux pommes faite maison par sa grand-mère.

Les souvenirs, ces trésors inestimables que l’on conserve précieusement au fond de nous, sont la véritable richesse de l'humanité. Ils ne peuvent être achetés, ni vendus, ni échangés. Ils se transmettent de génération en génération, enrichissant notre patrimoine culturel et nourrissant notre âme.

Le bitcoin, lui, n’est qu’une bulle spéculative, une création artificielle dépourvue de substance et d'âme. Il n’a pas le goût du pain frais, ni l’odeur des lilas au printemps. Il ne peut pas remplacer la chaleur d'un câlin, ni la joie d'un rire partagé.

Alors oui, on peut bien s'enrichir en spéculant sur les cryptomonnaies. Mais est-ce que cela rendra vraiment notre vie meilleure ? Est-ce que cela comblera le vide existentiel qui nous ronge de l'intérieur ? Je doute fort.

On survit mieux avec des souvenirs qu’avec du bitcoin. Parce que les souvenirs, eux, sont éternels. Le bitcoin, lui, n’est qu’une mode passagère. Une illusion éphémère.

8. Conclusion : Si t’as ri, c’est que t’as mal. Et c’est bon signe.

Alors voilà, on a fait le tour de la table. On a parlé d'inflation, de savoir-faire perdu, de marchandisation du monde et de salaires qui stagnent. On a évoqué Charles Gave, Philippe Seguin et Emmanuel Todd, ces voix discordantes qui osent remettre en question l’orthodoxie économique.

Si vous avez ri pendant cette lecture, c'est que vous avez mal. Mal parce que vous comprenez la gravité de la situation. Mal parce que vous ressentez le désespoir qui émane des millions de personnes qui se sentent dépassées par les événements. Mal parce que vous voyez l’avenir s’obscurcir à mesure que le monde devient plus complexe et plus injuste.

Mais ce mal, mes amis, est un signe positif. C'est la preuve que vous n'êtes pas endormi. Que vous n'avez pas baissé les bras. Que vous êtes encore capable de ressentir de l’émotion face à la déchéance du monde qui vous entoure.

Alors, si t'as ri, c'est que t'as mal. Mais n'aie pas peur de cette douleur. Utilise-la comme une source d'énergie pour te rebeller contre l'absurdité et l’injustice. Reprends le contrôle de ta vie, de ton argent, de tes souvenirs.

Réapproprie-toi ton pouvoir d’achat… émotionnel. Parce que c’est ça, au fond, qui compte vraiment. C’est ça qui nous rend humains.

Et n'oublie pas : la révolte commence toujours par un sourire. Un sourire ironique et désabusé, mais un sourire quand même. Un sourire qui dit : "J'ai compris le jeu. Et je refuse de jouer."

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