1. La retraite fantôme : ces vieux qu’on appelle “retraités” mais qui n’ont jamais vu un kopeck
On les appelle “retraités” comme on surnomme un hérisson “chaton” pour se rassurer quand il pique. Ce mot doux, presque sucré, évoque des après-midis ensoleillés, des balades en bord de mer, un petit pastis à 18h. Mais pour des centaines de milliers de vieux en France — étrangers ou pas — “retraité” veut surtout dire : “tu n’existes plus, mais tu coûtes encore un peu trop cher aux yeux de certains.”
Sur 1,5 million de migrants âgés de plus de 60 ans vivant en France (INSEE, 2023), 225 000 n’ont jamais cotisé à la retraite. Pas parce qu’ils méditaient sous un palmier en snobant les offres d’emploi de Pôle Emploi. Non. Beaucoup sont arrivés tard, charriés par le regroupement familial comme des valises de chair fatiguée. D’autres ont bossé dans des conditions qui feraient frémir un contrôleur de l’URSSAF : cuisines crades, chantiers sans assurance, ménages payés en cash, sans fiche de paie ni pause pipi. Leur retraite ? Une légende urbaine, comme le Yéti ou un RER B à l’heure.
Et chez les Français, c’est pas Ibiza non plus. Près de 200 000 retraités français vivent avec moins de 800 € par mois, malgré une vie de cotisations loyales (DREES, 2024). C’est l’égalité devant la misère : qu’on s’appelle Kamel ou Claudine, si t’es pauvre, t’as droit à ta soupe tiède et ton formulaire CERFA en 14 exemplaires.
Ces “retraités” fantômes, on les retrouve souvent dans des foyers collectifs, ces sortes de Formule 1 pour humains fatigués. Dedans, ça sent la soupe aux choux, la solitude mal ventilée, et les chaises en plastique qui grincent comme des souvenirs de guerre. Les chambres ? Des boîtes à sardines où même un cafard demanderait à changer d’arrondissement. Ambiance sonore garantie : toux, chaînes d’info, et disputes de dominos en langue étrangère. Et pour couronner le tout, beaucoup n’ont même pas accès à l’ASPA — le fameux minimum vieillesse de l’État français, fixé à 1 012 € par mois (CNAV, 2025). Mais pour l’obtenir ? Il faut justifier 10 ans de résidence continue, comme si ces gens avaient eu le luxe d’archiver leur existence avec des tampons et des factures EDF.
Et quand bien même ils seraient éligibles, 30 % des migrants âgés n’y font pas appel (EHESS, 2021). Par peur, par honte, ou parce qu’ils pensent qu’un formulaire rempli les transformera en gibier administratif. Même certains Français abandonnent l’idée : l’ASPA, c’est un escape game où t’as que des stylos qui bavent et un guichet fermé.
Le plus ironique ? On les utilise. Comme mascottes, comme repoussoirs, selon l’orientation politique du moment. À gauche : “Regardez comme on est bons, on aide même ceux qu’on ne connaît pas !” À droite : “Ils nous volent, ces étrangers !” Pendant ce temps, les vieux agriculteurs français et les anciens ouvriers maliens partagent le même menu du soir : silence tiède et anxiété réchauffée.
Le plus cocasse ? L’ASPA coûte environ 6 milliards d’euros par an, soit à peine 6,6 % de ce que l’État perd dans les niches fiscales — 90 milliards € (Cour des comptes, 2024). Mais bon, critiquer un vieux marocain à la retraite, ça fait plus de likes que de s’en prendre à un yacht fiscal stationné à Monaco.
Alors posons-la, cette vraie question qui gratte : est-ce que notre système protège les gens, ou les chiffres ? Parce que ces “retraités” sans retraite nous rappellent une chose essentielle : en France, on préfère une belle statistique à un ventre plein.
Et toi, lecteur adoré, si demain ta carte Vitale décidait de faire grève… tu serais dans ton camping-car à la conquête de l’Andalousie, ou sur un lit trop petit dans un foyer qui pue le renfermé, à espérer qu’on te rappelle que t’es encore vivant ?
2. L’économie cachée du vieux migrant : débrouille, solidarité, et exploitation version senior
Pas de retraite ? Pas de panique. Ces vieux migrants — et leurs cousins français tout aussi rincés — sont les MacGyver de la misère sociale, version arthrose et Doliprane 1000. On croit qu’ils roupillent sur un canapé en regardant les Feux de l’amour. Faux. Leur quotidien, c’est une course de fond sur un tapis roulant Ikea monté à l’envers, pendant que la société leur crie “accélère !”... avec une canne dans les mains.
Comment ils s’en sortent ? À l’ancienne, avec un mix de solidarité déglinguée et de système D façon apocalypse molle. D’abord, la famille, ce mot magique qui fait pleurer dans les meetings politiques. Sur les 1,5 million de migrants âgés en France (INED, 2023), une large partie dépend de leurs enfants, souvent eux-mêmes en galère. Imagine Kevin, aide-soignant payé au lance-pierre, qui partage ses 1 200 € avec papa, maman, la nounou, et le fournisseur d’électricité. Ou Nora, femme de ménage qui glisse un billet de 20 € à son père pendant qu’un huissier sonne à la porte avec un sourire de vampire.
On appelle ça “solidarité intergénérationnelle”. Mais soyons honnêtes : c’est la pauvreté qui fait des selfies de famille, avec des filtres moisis. Et ça ne concerne pas que les migrants. Les petits retraités français, genre agriculteurs à 800 €/mois (DREES, 2024), passent aussi leur vie à demander à leurs enfants de couvrir le chauffage ou les lunettes. C’est mignon, comme un film de Noël où le sapin crame, le chien fugue et le grand-père vole du sucre à la cantine.
Mais derrière la solidarité, parfois, se cache l’arnaque. Un vieux avec un titre de séjour, c’est un ticket d’or : il peut justifier un logement plus grand, attirer une aide sociale, ou servir de nounou non déclarée. L’EHESS (2021) montre que 20 % des migrants âgés logés en foyers rendent des services domestiques “familiaux”. Mais attention : quand papi commence à coûter cher (médocs, hôpital, fauteuil roulant en panne), l’amour filial fond comme un esquimau au micro-ondes. Ne généralisons pas : chez beaucoup, l’entraide est réelle, volontaire, fière même. Mais ça n’empêche pas certains d’utiliser mémé comme levier fiscal tout en l’abandonnant avec un couscous froid devant un feuilleton.
Ensuite, il y a l’économie de l’ombre, ce Far West où le fisc n’a même pas de boussole. Ici, pas de carte bancaire, pas de facture, pas de QR code. Tu veux une coupe de cheveux ? Va voir Tarek dans la cave. Une surveillance d’immeuble ? Youssef est là, contre un panier de légumes. Un plat chaud ? Fatima t’échange un couscous contre ton aspirateur cassé. Selon l’INED (2021), un quart des migrants âgés dépendent de ce type de réseau informel. Et c’est pas limité aux villes : dans la campagne française, on troque encore un pot de confiture contre une vidange de tracteur. C’est le même film, juste avec plus de poules.
Et ne croyez pas que tous ces gens attendent l’aumône. Non. Certains refusent l’ASPA, malgré qu’ils y aient droit. Par fierté, par paranoïa administrative, ou parce qu’ils préfèrent vendre des cacahuètes dans le métro plutôt que de remplir un formulaire CERFA en sept exemplaires. L’EHESS (2021) note que 30 % des migrants âgés éligibles aux aides n’en demandent aucune. Et chez les Français pauvres ? Pareil. Remplir une demande d’aide, c’est comme jouer au Monopoly avec une carte Uno et des dés truqués.
Mais ce système D a un prix. Il use, épuise, vieillit à la vitesse d’un camembert oublié au soleil. Et on en parle peu. Parce que ces gens ne hurlent pas. Ils ne manifestent pas. Ils survivent à bas bruit, pendant qu’on fantasme sur des “profiteurs” qui boiraient des mojitos sur les ruines de nos retraites.
Alors voilà la question : est-ce qu’on accepte, tranquillement, que des vieux — qu’ils soient nés à Oran ou à Saint-Flour — vivent dans cette débrouille chronophage, malodorante et sans issue ? Ou on préfère regarder ailleurs, tant qu’ils ne postent pas de TikTok avec leur bol de soupe tiède ?
3. Le mythe du migrant profiteur : un méchant en carton pour talk-shows en manque d’idées
Lui, c’est la mascotte des débats poubelles. L’épouvantail en slip que l’on sort à chaque panne de sujet sur les plateaux télé. Le vieux migrant profiteur, ce génie du parasitisme social qu’on imagine sirotant un mojito payé par la CAF dans un peignoir en velours pendant que Mamie Paulette vend ses dents en or pour payer le loyer. Spoiler alert : il est aussi réel qu’un panda qui bosse à la SNCF.
Mais quel héros ! Tellement vendeur qu’on l’a transformé en légende urbaine. À droite, il incarne l’invasion silencieuse : “ils viennent pour nos retraites !”. À gauche, c’est le symbole du devoir humanitaire mal compris : “mais enfin, on ne va pas les laisser crever ?” Et au centre ? Rien, le vide sidéral, l’endroit où la vérité va mourir seule sous un PowerPoint de Bercy.
Prenons un peu de data, histoire de mettre les pieds dans le plat de nouilles. En 2022, la CNAV a identifié 0,5 % de fraudes sur les 600 000 bénéficiaires de l’ASPA. Oui, 0,5 %. Autant dire que t’as plus de chances de te faire mordre par un pigeon électeur de Jean Lassalle que de tomber sur un “profiteur” de la retraite. Et le jackpot promis ? L’ASPA, c’est 1 012 € brut par mois pour une personne seule (CNAV, 2025). Sauf que la majorité ne touche même pas ça. La moyenne oscille entre 400 et 800 €, selon les ressources. Et pour y avoir droit ? Faut prouver 10 ans de résidence légale continue, ne pas quitter le pays plus de 6 mois, et probablement survivre à un labyrinthe administratif avec un trombone et une photo d’identité floue. Une aumône avec bracelet électronique.
Pendant qu’on surveille Mamadou et son supposé braquage de retraite, on laisse filer 80 à 100 milliards € de fraude fiscale chaque année (Solidaires Finances Publiques, 2023). Des yachts, des holdings, des comptes en Suisse, des fiscalistes avec le charisme d’un poisson-panier, voilà où est le vrai hold-up. Et pendant que BFM pleure sur nos pauvres caisses sociales, 90 milliards € partent en niches fiscales (Cour des comptes, 2024). Mais bon, difficile de faire peur avec un trader dans un costume Hugo Boss.
Et les Français dans tout ça ? Bah ils dérouillent aussi. 200 000 retraités français, souvent anciens artisans, agriculteurs, ou auto-entrepreneurs trop sympas pour exiger une retraite décente, vivent avec moins de 800 €/mois (DREES, 2024). Eux aussi crèvent en silence, pendant qu’on fantasme sur un vieux barbu qui “vole la France” en allant chercher son doliprane à la pharmacie.
Ce mythe du profiteur, c’est du pain béni pour les réseaux sociaux. Un peu de colère prémâchée, une photo floue, et c’est parti pour le grand bal des “je suis pas raciste mais”. Pendant ce temps, les vrais concernés n’ont ni micro, ni appli, ni porte-voix. Ils parlent mal français, n’ont pas de smartphone, et surtout pas la tête à devenir les stars de CNews. Et ce n’est pas qu’eux : l’EHESS (2021) montre que 30 % des migrants âgés éligibles à l’ASPA ne la demandent pas, par peur, par fierté ou par dégoût d’un système qui les a regardés comme des statistiques à risques toute leur vie.
Le plus cruel ? Ce mythe sert à légitimer des politiques crapuleuses. On complique l’accès aux aides, on coupe les robinets, on rajoute des formulaires, pendant que les vrais profiteurs révisent leur fiscalité en business class. C’est ça l’escroquerie : faire croire que le vieux sans retraite est le problème, alors que le vrai hold-up se joue dans les conseils d’administration, pas dans les foyers Sonacotra.
Alors posons-la, cette question : à qui profite ce cirque ? Aux éditorialistes en mal de clash ? Aux candidats en quête de votes faciles ? Ou aux actionnaires planqués derrière des trusts exotiques pendant qu’on s’arrache pour 1 012 € ? La réponse tient en trois lettres. Et ce n’est pas “ASPA”, mais VIP.
4. Et si c’était notre futur ? La vieillesse sans parachute dans un monde qui ubérise tout
Ah, les jeunes sur trottinette, leur smoothie spiruline à la main, leur MacBook sous le bras, et leur assurance retraite dans le cloud. Vous pensez que l’histoire des vieux migrants sans retraite, c’est un lointain folklore du passé, une bizarrerie d’époque comme le Minitel ou les pantalons à pinces ? Raté. C’est le teaser glauque de votre propre avenir, version 2065 : vous, la colonne vertébrale en S majuscule, essayant de marchander un doliprane avec une crypto qui ne vaut plus rien.
Regardons les chiffres, histoire de se marrer jaune. Aujourd’hui, 20 % des actifs français bossent dans des emplois “non standards” (OCDE, 2024) — comprendre CDD en série, intérim sans lendemain, freelance payé en likes, ou Uber à 3 € la course. D’ici 2050, la moitié des futurs retraités percevront des pensions bien plus basses que la moyenne actuelle (INSEE, 2023). Et ce ne sont pas les influenceurs Instagram qui vont sauver la Sécurité sociale, à moins qu’un filtre papillon puisse produire du PIB.
Pendant ce temps, les vieux migrants sont déjà dans ce futur qu’on fait mine de découvrir. Sur les 1,5 million de migrants âgés en France, 15 % n’ont jamais cotisé (INED, 2023). Pas qu’ils étaient feignants, hein : ils sont juste arrivés trop tard ou ont bossé dans l’ombre, sans fiche de paie, avec pour seules protections un tablier de cuisine et une prière murmurée en fin de service. Et vous, les trentenaires qui facturent vos “missions” sur Malt entre deux lattés hors de prix, vous vous dites que tout ira bien. Ah bon ? Vos 43 années de cotisations pleines, vous les voyez où ? C’est comme vouloir cuisiner un cassoulet avec un grille-pain.
Et que dire des Français déjà à la ramasse ? Les petits agriculteurs, les artisans, les indépendants épuisés ? 200 000 d’entre eux touchent moins de 800 € par mois à la retraite (DREES, 2024). Autant dire qu’ils peuvent acheter un demi-chariot de courses et un abonnement Netflix (hors partage). Et pendant que tout ce petit monde rame pour chauffer une pièce, 90 milliards d’euros s’envolent chaque année en niches fiscales (Cour des comptes, 2024). Mais laissons le vieux dans son foyer, hein. Il gêne moins que le yacht immatriculé au Luxembourg.
Alors oui, les migrants ont parfois un avantage : la solidarité. L’INED (2021) note que 25 % s’appuient sur des réseaux communautaires : mosquée, voisinage, coup de main contre un repas. Du troc de survie. Les Français précaires ? Idem, dans les campagnes : un coup de main contre un panier d’œufs. Mais vous, les “digital nomads” avec votre LinkedIn mis à jour tous les deux jours, votre communauté, elle est où ? Quand votre iPhone sera périmé et que votre RSI vous réclamera un bras, qui viendra vous déposer une soupe chaude ? Votre chatbot de compta ? Bonne chance.
Le mensonge moderne, c’est celui-là : “Travailler autrement, c’est la liberté.” Tu parles. C’est juste une façon chic de dire : “Débrouille-toi seul, et on te dira merci avec un formulaire en PDF.” Même Thomas Piketty (2020) le dit : la précarité n’est pas une anomalie, c’est la norme qui vient. Et elle ne fait pas la différence entre Fatima, Pierre, ou Chloé. Ceux qu’on traite aujourd’hui comme des assistés sont juste des versions bêta de ce que vous deviendrez.
Alors, on fait quoi ? On continue à se moquer des vieux migrants sans pension en se disant “ouf, c’est pas moi” ? Ou on comprend que notre système adore écraser les faibles, qu’ils s’appellent Mamadou ou Manu ? Parce qu’au final, on est tous sur le même radeau qui prend l’eau, pendant que les requins — banques, multinationales, fiscalistes en costard 12 pièces — nous regardent couler avec un petit rire étouffé.
Conclusion ? Facile. Arrêtons de pointer du doigt celui qui rame à côté. Pointons ceux qui bouffent la rame. Parce que sinon, dans 40 ans, ce sera vous, assis sur une chaise bancale, les poches pleines de souvenirs et le frigo vide comme une promesse électorale.
Et là, franchement… je vous plaindrai même pas.
Commentaires