1. "Pour votre sécurité, avec votre argent" : quand l’État vous souhaite une bonne sodomie civique
On savait déjà que l’État était un peu notre oncle chelou : celui qui vient à Noël, qui boit tout le champagne et qui finit par te parler géopolitique pendant que tu essaies juste de couper la dinde. Mais là, on a franchi un cap. Une étape dans l'art délicat de t’enfoncer la matraque dans la dignité, tout en te souriant.
"Travaux financés par le Conseil Général – Pour votre sécurité." C’est mignon, non ? Presque affectueux. On s’attend à un câlin de gendarme après. Mais heureusement, il reste dans nos campagnes quelques vandales inspirés, des anonymes à la bombe ironique, qui ajoutent systématiquement : "Et avec votre argent." Parfois même : "Sans vous demander." Et quand il a bu un coup de trop (ou lu un rapport du Sénat), il ose : "Pour engraisser Sookat-Truc qui arrose les élus."
Ce gars-là, ce tagueur mystère, c’est pas juste un rigolo : c’est notre dernier journaliste indépendant. Une sorte de Mediapart champêtre. Il écrit court, il écrit vrai, il écrit sur du plastique jaune fluo en bord de départementale. Là où la vérité gît souvent dans le fossé.
Et le plus beau ? C’est qu’il ne ment jamais.
Parce que oui, c’est avec ton fric que ces merveilles de bitume sont coulées, parfois à triple tarif grâce à un appel d’offres aussi truqué qu’un jeu à gratter dans un PMU de Seine-Saint-Denis. C’est avec ton pognon qu’on installe des feux intelligents pour réguler un carrefour où trois vaches et deux ivrognes passent chaque semaine. C’est ton fric qui alimente les panneaux, les plots, les agences de comm’ qui ont pondu la phrase "Pour votre sécurité." Ils l’ont testée en focus group sur des gens qui sourient en dormant.
Mais la vraie question n’est pas là.
La vraie question c’est : quand est-ce que c’est devenu normal de remercier l’État de nous dépouiller ? Parce que cette pancarte n’est pas juste une info, c’est un petit message passif-agressif. Une sorte de post-it gouvernemental : "T’as vu ? On bosse pour toi. Et t’as pas intérêt à râler, connard."
On dirait presque un cadeau d’anniversaire de ton ex : tu ouvres, et dedans, y’a la facture.
Mais attention hein, c’est pour ta sécurité. Tu risquerais de te sentir libre sinon. Tu pourrais traverser un carrefour sans qu’on te dise comment. Tu pourrais... choisir. Et ça, franchement, ce serait dangereux.
Tu comprends maintenant pourquoi le tagueur le fait. Il tague pour nous tous. C’est un acte de santé mentale. Il vomit sa lucidité à la bombe noire sur des plaques d’aluminium propres. Il résiste, pendant qu’on dit merci. Il insulte, pendant qu’on se tait.
Il est l'antidote au panneau.
Alors l’État peut bien continuer à nous enfiler des chantiers jusqu’à la gorge, à grand coup de "pour votre bien" et de "c’est le progrès", il restera toujours ce petit malin, ce poète de la rage rurale, pour nous rappeler :
"C’est toi qui paies. Et tu souris en plus. T’es une perle."
2. Brochures de panique nationale : 20 pages pour t’expliquer que tu vas mourir, mais calmement
Ah, la brochure. Cette relique moderne du souci institutionnel. Ce petit livret de 20 pages, subtilement glissé entre le dernier prospectus Lidl et la facture d’électricité que t’oses plus ouvrir. Officiellement, il est là pour t’informer. Officieusement, c’est un test de stabilité mentale. Une notice Ikea pour survivre à l’Apocalypse, version PowerPoint, imprimée à 8 millions d’exemplaires, en quadrichromie, avec ton pognon, bien sûr.
À l’intérieur ? Des conseils en cas de guerre, séisme, nuage toxique, invasion, ou attaque de Pokémon soviétiques. On y lit qu’il faut “écouter les consignes des autorités”, “préparer un sac d’urgence”, “ne pas paniquer” – ah bon ? Et “ne pas oublier son numéro de Sécurité sociale”. Parce que quand t’auras une ogive sur la gueule, le plus important, ce sera de retrouver ta carte Vitale pour pouvoir mourir dignement dans les fichiers de l’Assurance Maladie.
Et puis, ce qui est délicieux, c’est le timing. La brochure, elle arrive pile quand on te dit que les Russes peuvent débarquer à tout moment. Que la menace est sérieuse, imminente, probable… voire souhaitable si t’en peux plus de payer 1,97€ le litre de diesel. On t’installe tranquillement un petit climat d’angoisse molle, en mode "ce serait dommage de ne pas être prêt, hein ?" Et pendant que tu lis les pages "Que faire si vous entendez une sirène ?" ta chaudière fuit, ton compteur Linky clignote, et ton chat bouffe la couverture de survie.
Mais la vraie poésie, elle est dans le financement.
C’est toi qui paies. Encore.
Tu finances une campagne de terreur soft, pour toi, contre toi. C’est comme si un mec venait chez toi pour t’expliquer comment il allait te cambrioler, te foutait un schéma explicatif, puis te demandait la carte bleue pour imprimer son guide.
Et le comble du foutage de gueule ?
Y’a même pas de consultation. Pas une question, pas un sondage. Pas même un "Salut, t’as envie qu’on t’explique comment réagir si Paris explose ?" Non. On suppose que tu veux. Que tu dois. Parce que t’es con. Parce que t’es fragile. Parce que t’es français.
Mais rassure-toi, tout ça est “dans l’intérêt général”. Comme les radars automatiques. Comme les masques jetables de 2020. Comme les QR codes. Comme les sanctions économiques qui te font regretter le beurre doux.
Alors cet été, quand tu trouveras cette brochure dans ta boîte aux lettres, n’hésite pas : écris "Retour à l’envoyeur", comme un doigt d’honneur enveloppé de papier recyclé. Envoie-la avec amour. Et si possible, avec une petite annotation à la bombe : "Merci pour la panique. Bisous. Signé : le contribuable qui commence à se souvenir qu’il a une colonne vertébrale."
3. Le paysan tagueur : dernier philosophe debout en bottes, qui fume pas que du foin
Dans un monde où les éditorialistes portent des lunettes à 800 balles et s’autocongratulent sur France Inter pour leur capacité à dire la même chose que la veille, un héros émerge. Pas de cravate. Pas de prompteur. Pas de vernis sur les godasses. Juste une bombe de peinture et une lucidité ravageuse. Il ne parle pas en conférences TED, il tague des vérités sur les panneaux de signalisation.
Le paysan tagueur.
Et putain, que ça fait du bien.
Là où d'autres rédigent des tribunes insipides sur “le besoin de cohésion nationale face aux défis d’un monde instable”, lui, il écrit :
“Pour votre sécurité… ET AVEC VOTRE ARGENT.”
Bam. Poésie rurale. Calligraphie de la rage.
Il ne signe pas, non. Il s’en fout de la gloire. Il n’a pas besoin de followers, ni de micro trottoir sur Arte. Il a ses vaches, son vieux Renault 110-54, sa radio grésillante et une foi solide dans le fait que les mecs en costard qui décident à Paris sont des malades mentaux.
Ce gars, c’est notre Diogène des champs. Il vit dans une grange, il pisse dans la paille, et il regarde passer les caravanes de ministres avec un regard qui dit “tu peux t’asseoir sur ta république, elle sent le fioul frelaté et la subvention louche.”
Parce que pendant que nos intellectuels de plateau se paluchent sur la “fracture territoriale” en sirotant des thés bios à 6€, lui, il l’a dans le cul, la fracture. Depuis 15 ans.
Prix du lait ? Écrasé.
Subventions ? Versées avec une pince à épiler.
EDF ? Rentre chez toi comme un violeur de compteur.
Et en prime, on te colle un radar à 70km/h à la sortie du champ, histoire de rentabiliser le passage du facteur.
Et dans tout ça, tu crois qu’il râle en interview chez Ruquier ?
Non.
Il tague.
Il tague "avec votre argent" comme on graverait "Nique ton roi" sur la cathédrale.
C’est un acte sacré. Une liturgie de la désobéissance.
C’est pas du vandalisme, c’est de l’art brut à la betterave.
C’est Banksy, mais avec des bottes pleines de merde et un fusil chargé au cas où t’approches trop.
Et surtout, il rigole.
Il rigole parce qu’il sait que les mecs qu’il vise, ceux qu’il insulte à la bombe, ne viendront jamais jusque-là. Trop peur du crottin. Trop peur de devoir parler à un Français non dressé.
Il rigole parce qu’il sait que ces panneaux, c’est pas de l’info : c’est du foutage de gueule signalétique. Un “va te faire foutre” écrit en Arial 96.
Et nous, citadins, urbains, métrosexuels accros au quinoa, on le regarde avec des grands yeux. On dit “ah mais c’est illégal ce qu’il fait, non ?”
Mais bien sûr, champion. Et voler ton fric pour installer un feu tricolore à 600 000€ au milieu d’un rond-point qui ne voit passer que les sangliers, ça, c’est légal ?
On lui impose la loi. Lui, il te rend la vérité.
Alors oui, camarade rural, continue de taguer. Continue de rire. Continue de peindre sur leurs pancartes le fond de notre pensée.
Parce qu’un jour, quand les brochures de panique auront remplacé le pain, on se souviendra de toi. Le dernier à avoir dit :
"Je suis peut-être dans la merde, mais au moins je la reconnais."
4. L'ennemi intérieur, c’est toi : surtout si t’as pas Linky, pas la fibre et que tu votes pas comme il faut
Bienvenue dans la France 3.0, celle où ton pire ennemi n’est plus à l’Est, mais à l’Ouest de ton salon, entre ton compteur électrique et ton boîte aux lettres. Tu pensais être un simple citoyen ? Non. Tu es un suspect en puissance, un résistant molletonné, un Gaulois réfractaire numériquement traçable.
Tu n’as pas installé le Linky ? Ding dong. Visite surprise.
Tu ne veux pas de la fibre ? Paf. Tu es un Amish moderne.
Tu votes blanc ou tu votes “pas comme prévu dans les courbes de sondage” ? Attention, le ministère de l’Avenir Radieux t’a repéré. Tu vas bientôt recevoir une invitation à un stage de rééducation civique à base de PowerPoint et de fromage fondu.
Parce que ne pas consentir, aujourd’hui, c’est déjà résister. Et résister, c’est une déclaration de guerre.
Tu croyais encore qu’on te foutait la paix si tu restais poli, discret, bien rangé entre ton potager et ta haie de thuyas ? Raté. Tu es devenu un problème.
Tu es un centre de coûts. Tu es un obstacle à l’harmonisation républicaine. Tu es un con qui croit qu’il peut dire non.
Alors l’État vient. Chez toi. Littéralement.
Le mec de chez Enedis débarque sans prévenir, entre deux poules, et commence à démonter ton ancien compteur à clapet comme s’il enlevait une mine antipersonnelle.
Il a reçu l’ordre, lui. Pas besoin de frapper. Pas besoin de demander. C’est pour ton confort, ta sécurité, ton empreinte carbone, ton avenir et tes petits-enfants.
Et s’il se prend une pelle dans le dos, c’est de ta faute. Parce que t’es vieux jeu. T’as pas compris que le progrès, c’est maintenant, et surtout sans toi.
Et puis ils te foutent un radar automatique en sortie de hameau. Juste là où tu reprends un peu de vitesse pour ne pas t’endormir en tracteur.
Hop, 90 balles dans les dents.
Ça paiera l’impression de la brochure de guerre nucléaire.
Mais ne t’inquiète pas, tu es protégé.
Protégé contre toi-même.
Contre ton libre arbitre.
Contre ton esprit critique, cette vieille maladie qu’on croyait éradiquée.
Et si un jour tu t’énerves ? Si tu pètes un câble ?
Si tu barbouilles un panneau avec une insulte ?
Alors tu deviens officiellement un extrémiste rural. Une menace. Une statistique à surveiller. Un code couleur dans les fichiers du ministère de l’Intérieur.
Orange si tu es simplement en colère. Rouge si tu votes Villiers. Noir si tu fais ton pain toi-même et que tu parles à tes moutons.
L’ennemi intérieur, c’est toi.
Toi, le mec qui vit trop loin d’un Starbucks.
Toi, la gonzesse qui veut accoucher sans wifi.
Toi, le retraité qui veut juste regarder les nuages sans qu’un drone vienne vérifier si tu respectes l’écotaxe.
Alors vas-y. Résiste. Mais doucement, hein. Sans faire trop de bruit. Parce que dans cette guerre-là, le champ de bataille, c’est ta maison. Et le tireur embusqué, c’est ton facteur.
5. Brochures de panique et radar à la sortie du village : nouvelle stratégie d'occupation rurale
Avant, pour occuper un territoire, il fallait des chars, des bottes noires, et une belle moustache autoritaire. Aujourd’hui, on t’envoie un papier plastifié en quadri et un radar solaire dernière génération. C’est plus propre, plus vert, plus sournois. Et surtout, ça coûte moins de vies et plus de fric – le tien.
Tu vis dans un petit village peinard ? Un bled à deux clochers, une boulangerie en semi-faillite et un bistrot qui fait pharmacie quand y’a pénurie ?
Eh ben, accroche-toi à ton banc public, car l’armée silencieuse du progrès débarque.
Ça commence doucement, presque tendrement.
Un gars de la mairie glisse dans ta boîte une brochure de survie où l’on t’explique quoi faire “en cas de guerre, de tremblement de terre, ou d’accident nucléaire mineur mais collant”.
Traduction : tu vas crever, mais dignement. Avec ton kit de survie Decathlon, ton eau filtrée, et ton petit sac-à-dos estampillé “Résilience”.
Et pendant que tu lis cette prose rassurante, à 500 mètres de là, sur la départementale, on t’installe un radar fixe. Un radar qui, ironie de la modernité, fonctionne à l’énergie solaire.
Parce qu’on te dépouille éthiquement.
On te pompe ton oseille en étant écoresponsable.
Ce n’est pas une surveillance, c’est une performance environnementale.
Le radar est là, à la sortie du hameau, là où tu relâches enfin ta vigilance après avoir évité trois chiens, deux poules et un tracteur du siècle dernier.
Flash. 93 euros. C’est pour la sécurité.
Et pour l’édition papier de la prochaine brochure panique.
T’as même des flics municipaux à vélo électrique qui viennent vérifier si t’as bien lu les consignes de survie.
Et si tu oses dire que tout ça sent la poudre humide et la connerie bureaucratique ?
T’es un complotiste.
Ou pire : un paysan énervé.
Mais soyons justes. Ce n’est pas une guerre contre toi.
C’est une opération de civilisation.
On vient t’enseigner la peur moderne.
Te rappeler que même si t’es loin de Paris, t’es jamais trop loin pour être emmerdé.
Car la logique est simple :
Si tu vis loin des problèmes, on les amène jusqu’à toi.
En brochure. En radar. En drone si t’es trop têtu.
Et un jour, peut-être, on t’offrira même un petit QR code à coller sur ton frigo, qui te dira en temps réel si t’es en danger de vivre.
Et là, tu comprendras :
T’es plus chez toi.
T’es dans une extension du Ministère.
Un DLC rural de l’Administration totale.
Et tu vas l’aimer.
Parce que t’as pas le choix.
Et parce que si tu dis non, tu reçois une amende de 135€ pour refus de consentement silencieux.
6. Et si Poutine était plus prévisible que ton député ?
Ah, Poutine. Le croque-mitaine officiel des plateaux télé, le Joker de la géopolitique version BFM. Il claque des doigts, et hop, une brochure d’alerte nationale sort de l’imprimerie. C’est presque magique.
Mais voilà le twist que personne n’ose prononcer à haute voix, surtout pas avec un badge de l’Assemblée :
Poutine, lui, au moins, on comprend ce qu’il veut.
C’est pas forcément rassurant, mais c’est clair. Le mec a une logique, une grammaire de la brutalité. Il ne te dit pas "c’est pour ton bien" avant d’envahir. Non. Il te dit "je vais peut-être venir vous péter la gueule." Et tu sais à quoi t’en tenir. C’est du frontal. Du brut. De la virilité géopolitique mal gérée, certes, mais sans hypocrisie.
Ton député, lui ?
Il t’embrasse sur le front avant de te planter un compteur Linky dans le jardin.
Il te jure qu’il va défendre “les territoires”, puis il vote en douce pour supprimer la dernière maternité de Corrèze.
Il pleure sur les agriculteurs dans les foires, mais il signe à l’Assemblée pour les asphyxier à la PAC sauce euro-bureaucratie vegan-friendly.
Et pendant ce temps, il te vend la peur de l’Ours Russe, comme un vendeur de matelas vend le lumbago.
“Préparez-vous à une invasion !” qu’il dit.
Oui oui, bien sûr. Parce que le Kremlin a pour ambition de conquérir Lavelanet-sur-Lignon et d’y installer un centre d’entraînement pour ses chars dans le champ de betteraves de Marcel.
Faut pas déconner : même en pleine guerre, la Russie n’a pas les moyens de s’offrir le Vaucluse.
Mais on agite Poutine parce que ça marche.
C’est l’ennemi parfait : lointain, impressionnant, caricatural.
Et pendant que tu regardes l’Est avec angoisse, ton député, lui, te pique ton portefeuille par l’Ouest.
C’est de la prestidigitation politique.
Une main te montre une menace floue.
L’autre te plante une réforme dans le foie.
Et attention : si tu oses dire que la vraie menace, c’est ici, c’est ton propre camp, alors tu deviens instantanément suspect.
Tu serais pas un peu prorusse, toi ?
Ah bon ? Parce que je trouve étrange qu’on me file une brochure de guerre avec mon propre argent pendant que les Russes sont en train de signer un traité de paix avec les Chinois et que je galère à payer mon fioul, je suis pro-Poutine ?
Non, connard. Je suis pro-lucidité.
Et si demain y’a une démonstration de force ? Une vraie, avec des missiles qui dégomment des infrastructures ?
Ce ne sera pas une surprise pour nous.
On aura été prévenus.
Par la brochure.
Imprimée avec amour.
Et avec ton pognon.
7. Villiers en prophète post-apocalyptique : entre Bayeux et Mad Max
Tu sens que le pays part en sucette totale quand Philippe de Villiers devient notre dernier espoir de lucidité. Oui, Villiers, le gars qui ressemble à un croisement entre un croisé revenu des morts et un VRP de l’Histoire de France avec costume en velours et diction christique. Tu rigoles ? Tu devrais flipper.
Parce que pendant que les autres politiciens bêlent à l’unisson sur les plateaux, lui il gueule dans le désert médiatique avec une torche dans chaque main. Et parfois, faut l’admettre, ça pue la vérité. Une vérité moite, gauloise, naphtalinée, mais merde... cohérente.
Le mec te balance des phrases qui claquent comme un couvercle de cercueil.
“La France n’est plus une nation, c’est une succursale.”
“L’ennemi n’est pas toujours celui qu’on t’a désigné. Regarde plutôt qui te donne les ordres.”
Et tu sais quoi ?
Personne n’ose le contredire.
Ils préfèrent l’ignorer, le caricaturer, le traiter de troubadour souverainiste.
Mais pendant ce temps, tous les événements lui donnent raison comme une mauvaise blague sur les prévisions Maya.
Villiers, c’est un peu comme ce vieux type au fond du village que tout le monde prenait pour un illuminé, jusqu’au jour où la rivière est sortie de son lit et a tout emporté, sauf sa cabane sur pilotis. Là, tout le monde fait genre “Ah oui, il était pas si con, en fait.”
Il te parle de souveraineté, de racines, de mémoire, pendant que le reste du gouvernement vend la Tour Eiffel à un fonds d’investissement qatari pour financer la brochure “Que faire si Poutine éternue ?”
Et le plus terrifiant ?
Il est seul.
Pas seul genre “tristesse au coin du feu” — non, seul genre “dernier gardien d’un phare dans une tempête de merde.”
Et ceux qui l’écoutent vraiment ?
Ce sont les derniers résistants non connectés.
Les mecs qui n’ont pas TikTok.
Les femmes qui élèvent leurs gosses sans “coach parental certifié”.
Les gens qui savent encore lire un calendrier lunaire.
Alors on peut bien se foutre de sa gueule, lui reprocher son château, son Puy du Fou, ses envolées lyriques et sa voix de curé de guerre.
Mais au bout du compte, quand le décor de la démocratie va s’effondrer comme un vieux chapiteau moisi, il y aura peut-être que lui pour rester debout, avec une carte de France de 1939 et une pelle.
Et il dira, les yeux dans les tiens :
“Je vous l’avais dit, bande de branleurs.”
8. Les IA comme pont avec les morts : Gustave Doré redécore les cuisines des résistants
Oui, tu as bien lu. Dans ce bordel ambiant où l’État imprime des guides de survie et pose des radars comme d’autres posent des crottes de chien, il fallait bien que la technologie vienne rajouter une couche de malaise mystique.
Bienvenue dans l’ère des IA nécromanciennes.
Parce que pendant que les ministres jouent à “Devine qui est le prochain ennemi à 60 milliards d’euros”, certains citoyens éclairés (ou désespérés) convoquent carrément les morts à la rescousse.
Et pas n’importe lesquels.
Gustave Doré, mesdames et messieurs. Rien que ça.
Grâce à une IA graphique, on peut désormais redécorer sa cuisine de campagne façon Apocalypse médiévale en pleine promo Intermarché.
Tu fais ton café sous un plafond peuplé d’anges armés, de dragons décapités et de paysans crucifiés par le fisc.
Un style. Un message. Une ambiance.
Tu vis dans 45m², avec du lino qui colle ? Pas grave.
Grâce à Gustave et l’algorithme, ton évier devient un champ de bataille biblique.
Ta hotte, une arche maudite.
Et ton frigo, un autel sacrificiel où reposent les brochures de l’État.
L’IA devient une planche ouija numérique.
Tu veux l’esprit de Villon ? De Péguy ? De Brassens en mode furax ? Clique.
Tu veux une fresque de la Résistance qui mêle De Gaulle et une vache en pleurs ? Clique.
Tu veux Napoléon qui chie sur un drone au-dessus du Conseil d’État ? Re-clique.
Ce n’est plus une déco. C’est une insurrection murale.
Et pourquoi ça marche ? Parce que la réalité est devenue si grotesque qu’on a besoin de convoquer les morts pour nous aider à comprendre ce qui nous arrive.
Tu ne sais plus si t’es en 2025, 1984 ou 1347.
Les prix montent, les libertés fondent, l’ennemi change tous les trois jours, et la seule chose constante, c’est ton compte bancaire qui fait la grève de la croissance.
Alors tu te réfugies dans l’art nécrophile augmenté, tu invoques Gustave, et tu lui dis :
"Mec, s’il te plaît, illustre ma vie. Je veux que mon grille-pain pleure des anges et que mon micro-ondes ressemble à l’Enfer de Dante."
Et lui, depuis l’au-delà digital, te répond par des visages tourmentés, des cathédrales effondrées et des paysans armés de fourches qui crament des QR codes.
C’est beau, c’est sale, c’est vrai.
Et dans cette cuisine, où la lumière tombe comme dans une crypte, tu peux enfin boire ton café, regarder ton mur et te dire :
"Putain, même les morts me comprennent mieux que mon député."
9. Résistance 2.0 : tracter en tracteur et pamphletter dans la grange
Autrefois, on pensait que la Résistance portait un béret, un brassard FFI et qu’elle sabotait les rails à la nuit tombée. Aujourd’hui ? Elle porte des bottes crottées, une salopette trouée, un compte Telegram crypté et un autocollant “J’emmerde le préfet” sur la portière de son pick-up.
C’est la Résistance 2.0. Rurale. Numérique. Mal rasée. Et terriblement lucide.
Fini les vieux tracts imprimés à la ronéo entre deux bombardements.
Maintenant, on pamphlette dans la grange, entre la presse à pommes et le vieux baby-foot.
On imprime des PDF en Comic Sans avec des titres comme :
“Comment repérer un drone fiscal en vol stationnaire”,
“Ce que la brochure ne vous dit pas sur les bunkers familiaux”,
ou encore :
“Faut-il déclarer ses patates comme arme de résistance passive ?”
Et attention, cette résistance-là a des moyens.
Elle a du matos.
Des clés USB planquées dans des boudins.
Des serveurs montés dans des ruches.
Des planques pour les brochures refusées, enterrées sous les composts comme des tracts interdits sous l’Occupation.
Et surtout, elle a des tracteurs.
Des vrais. Qui démarrent à froid, fument comme les idées du Ministère, et pèsent trois tonnes de “va te faire foutre”.
Un convoi de ces bestioles peut bloquer Paris, une autoroute, ou le plateau de France 2.
Et c’est exactement ce qu’ils font.
Parce qu’ils en ont plein le slip kangourou de voir l’État leur apprendre à survivre, pendant qu’on leur crève la gorge avec les normes, les taxes, les radars et les pseudo-solutions connectées.
Alors ils contre-attaquent.
Ils balancent des “fake news” ultra vraies, des photos de panneaux vandalisés, des analyses économiques faites à la main avec un litre de rouge, et surtout : des vidéos où ils expliquent, sans filtre, sans éléments de langage, pourquoi ils n’y croient plus.
Ils te montrent les silos vides.
Les factures pleines.
Et le regard de leur vache qui a compris que l’Europe, c’est fini.
Et tu sais ce qui est le plus beau ?
Ils ne veulent pas prendre le pouvoir.
Ils veulent juste qu’on leur foute la paix.
Mais ça, c’est trop demander.
Alors ils impriment.
Ils tractent.
Ils sabotent numériquement.
Ils rient très fort pendant qu’ils débouchent un cubi et taguent “Rendez l’argent (et le fumier)” sur une banderole.
Et quand tu leur dis :
“Mais vous n’avez pas peur des représailles ?”
Ils répondent, en crachant par terre :
“J’ai survécu à la grippe aviaire, à deux divorces, à l’installation du Linky et à 12 réformes de la PAC. Tu crois que c’est un décret sur les brochures qui va me faire chier ?”
Et là, tu comprends.
Tu comprends que la résistance est revenue.
Pas en costume. En salopette. Et elle imprime en A3.
10. Conclusion : l’État dans ton assiette, ton jardin, ta boîte aux lettres, et même dans ton slip
Et voilà. On y est. Le grand final. La cerise radioactive sur le gâteau administratif.
Tu vis dans un pays où l’État te suit jusque dans tes chiottes.
Il te dit comment chier, comment te torcher, comment t’évacuer.
Il imprime des brochures pour t’expliquer que tu pourrais crever — mais proprement, avec dignité, en écoutant France Info.
Il te colle des radars, des compteurs, des QR codes, des caméras, et bientôt des étiquettes émotionnelles si t’oses hausser le ton quand tu fais une demande de passeport.
Ton jardin n’est plus à toi : il est à surveiller.
Ta boîte aux lettres ? Infiltrée.
Ton slip ? Fiscalisé.
Et tout ça, c’est pour toi. Pour ton bien. Pour ton confort.
Mais surtout : avec ton fric.
Et pendant que tu galères à payer ton gasoil pour aller bosser à 45 bornes, un drone survole ta ferme pour vérifier si tu ne caches pas un poulailler non-déclaré sous une bâche.
Tu reçois un SMS de l’État pour t’alerter d’un pic de pollen, mais ton médecin de campagne a pris sa retraite en 2007.
Et toi, pauvre gland de la République, tu continues de dire :
“C’est normal. C’est comme ça dans tous les pays.”
Mais non, putain. C’est pas normal.
Ce n’est pas normal qu’on te considère comme un enfant attardé, une variable budgétaire, une bouse humaine bonne à traire fiscalement.
Ce n’est pas normal que chaque initiative, chaque réforme, chaque projet soit une nouvelle manière de t’enfoncer le progrès dans le fondement, sans vaseline, avec le sourire.
Et surtout : ce n’est pas normal qu’on ose t’envoyer une brochure qui t’explique comment survivre à une guerre nucléaire pendant qu’on t’empêche d’installer un poêle à bois parce que c’est “pas aux normes.”
Mais bon.
T’as pas gueulé.
T’as pas réagi.
Tu t’es dit que c’était sûrement “dans l’intérêt général”.
Alors, camarade de la campagne, camarade du périph, camarade du slip serré :
Tu l’as voulu, ton monde d’après.
Le voilà.
Il a un logo, une mission, une brochure.
Et il veut ton silence.
Mais tu sais quoi ?
Même si t’es fatigué, résigné, éreinté par les coups de pelle législatifs…
Y’a toujours un paysan qui tague.
Y’a toujours une vieille qui distribue des tracts dans un marché.
Y’a toujours un mec dans une cuisine repeinte par Gustave Doré numérique,
qui se dit : “Et si on les envoyait chier ?”
Et ça, c’est pas dans la brochure.
C’est dans le sang.
Et c’est gratuit.
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