🔴 Chapitre 1 : Le Blob de l’Élysée
On dirait une fuite de stylo, mais apparemment, c’est de l’art. À 560 000 €, ça serait même carrément de la haute voltige chromatique.
Bienvenue dans la République du pinceau perdu, où les œuvres abstraites ont remplacé les discours creux, et où le bon goût se mesure à la proximité avec les premières loges de la République.
Accrochez vos neurones : une tâche d’encre, vaguement explosée sur un fond blafard, a récemment eu l’honneur d’orner les murs d’un lieu où l’on signe des décrets. Son auteure ? Une certaine Laurence Graffenstaden. Nom poétique, quasi wagnérien. Sauf que derrière ce patronyme en forme de ligne SNCF, se cache… spoiler alert : la fille de Brigitte Macron.
Ah, les hasards de la vie. Il y a des gens qui galèrent dix ans dans une cave à Montreuil pour vendre un croquis, et d'autres qui signent un tableau façon "coup de chiffon dans une flaque" et se retrouvent accrochés à l’Élysée. La France, terre de contrastes.
Mais allons plus loin.
Ce “tableau” — qu’on dirait échappé d’un manuel de SVT illustrant la prolifération de moisissures sur une compote oubliée — a été, selon les rumeurs, acquis pour la coquette somme de 560 000 euros. Un démenti parle de "seulement" 8500 euros. Rien que ça. Une somme qui, à l’échelle d’un hôpital public, pourrait réparer vingt respirateurs. Mais bon… il faut bien décorer les murs blancs avec autre chose que des photos de Simone Veil.
Et pendant qu’on y est, pourquoi ne pas lancer une mode : vous aussi, envoyez vos serviettes tachées à l’État, peut-être qu’un secrétaire d’ambassade y verra une “intention picturale”.
Ce n’est pas de l’art. C’est du blanchiment social sous forme d’acrylique. On ne vend pas une œuvre, on valide un nom, une lignée, un réseau. Ce n’est pas du marché de l’art, c’est du marché du nom de famille.
Mais chut. Ne dites rien. L’artiste est une “femme”, et “fille de”. Vous pourriez être taxé de misogynie, ou pire, de populisme.
Alors que dire d'autre que : bravo, madame. Votre tâche est un chef-d’œuvre, car elle a été offerte au bon moment, à la bonne personne, dans le bon couloir de pouvoir. Le reste, ce n’est que jalousie mal pigmentée.
🟠 Chapitre 2 : 560 000 nuances de foutage de gueule
Vous avez déjà essayé de vendre un vieux dessin griffonné pendant une réunion Zoom ? Eh bien vous auriez dû mettre un faux nom germanique et le poster à l’Élysée.
Parlons de cette somme : 560 000 euros. ou 8 500 euros. Pour un seul tableau. Une somme qui ferait passer la dernière facture EDF pour une devinette Kinder. Et là, on ne parle pas d’un Monet ou d’un Kandinsky retrouvé sous un lit, non. On parle d’un tableau qui ressemble à un test de Rorschach fait par un poulpe dépressif sur fond de stress hydrique.
Mais attention, la justification est toujours prête :
"C’est de l’art contemporain, vous ne pouvez pas comprendre." Traduction : "Ta gueule, contribuable. Tu paies, mais tu regardes de loin."
Et c’est là que le sarcasme atteint son point de fusion. Parce que cette somme colossale n’est pas une erreur de virgule, ni une fake news glissée par un troll. Non. C’est normalisé. Banalisé. Institutionnalisé.
Le plus beau, c’est la rhétorique. Les défenseurs du coup de pinceau malheureux parlent d’“investissement dans la culture”. Sauf que dans ce cas précis, la culture a un petit parfum d’ascenseur social pour pistonnés.
Et il est où, le mérite ? Où est l’artiste qui bouffe des pâtes au beurre et bosse dans un studio de 9m² à Saint-Ouen ? Il est invisible. Il ne s’appelle pas Graffenstaden. Il s’appelle Mehdi, ou Clara, ou Igor, et il n’a pas épousé un futur président.
Alors on nous refait le coup de l’art élitiste, ce truc qui te regarde de haut parce que tu trouves ça moche. "Si tu ne comprends pas, c’est que tu es inculte." Non, connard : si je trouve ça moche, c’est peut-être parce que c’est objectivement un foutoir bleu sans intention lisible. Point.
Et encore faut-il parler du “label de l’État”, ce sésame culturel. Car acheter une œuvre, c’est aussi lui donner une valeur symbolique, un tampon de légitimité. Et là, le message est clair : on ne récompense pas le talent, on valorise le bon carnet d’adresses.
Finalement, le chef-d’œuvre ici, ce n’est pas la peinture. C’est d’avoir transformé une œuvre sans public en œuvre publique, avec ton argent. Le summum de la prestidigitation culturelle : faire payer les gueux pour que les puissants accrochent leur propre miroir au mur.
Et ce miroir, il est fait d’encre, de silence complice, et d’un encadrement doré payé par tes impôts.
🟢 Chapitre 3 : Et si on faisait un vernissage avec des gribouillis de contribuables ?
Puisqu’on en est à subventionner la bouillie visuelle de l’entre-soi, pourquoi ne pas ouvrir les vannes ? Que chacun sorte son vieux cahier de maths, et qu’on expose les marges pleines de spirales !
Le plus cruel dans cette affaire n’est pas que ce tableau ait été acheté. Ce qui fait grincer les dents, c’est l’impunité avec laquelle on insulte l’intelligence collective.
Car pendant que cette œuvre se pavane sur un mur présidentiel, des milliers d’artistes honnêtes, talentueux, dérangeants, restent dans le noir. Trop libres, trop pauvres, trop sincères. Pas assez “Graffenstaden”.
Alors j’ai une idée. Faisons une expo nationale, participative, populaire, hilarante. Chaque citoyen envoie une tâche d’encre, un vieux dessin, une page de brouillon, voire une photo de sa nappe tachée de vin après le dîner du dimanche. On les imprime. On les expose. On les vend.
Mais attention : sans piston, sans galerie, sans pseudonyme de guerre. Juste l’œuvre brute. Et pour chaque œuvre vendue, un % va à la Sécu. L’art pour soigner. Pour de vrai.
Car l’art ne devrait pas être un code secret entre les puissants. Il ne devrait pas servir à blanchir des lignées politiques derrière une toile délavée.
Tu veux me choquer ? Montre-moi une œuvre qui saigne. Qui parle du réel. Qui me bouscule, pas qui me snobe. Pas un test d’impression raté de cartouche HP vendu au prix d’un studio à Lille.
Et puis surtout : arrêtons de faire semblant. Tu veux défendre l’art ? Commence par dire que certaines œuvres sont moches. Tu veux soutenir la culture ? Commence par donner un coup de main à ceux qui n’ont que leur talent pour seul piston.
L’art, c’est pas une tâche sur une toile. C’est une claque dans la gueule. C’est un cri. Une vérité. Une vision. Pas un calendrier d’État déguisé en chef-d’œuvre par respectabilité familiale.
Alors oui : lançons ce vernissage des contribuables. Faisons la révolution du pinceau libre. Et qu’on accroche, pour une fois, autre chose que l’égo de la bourgeoisie au mur.
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