1. Fume une clope, fais pleurer le fisc. Crame une Porsche, repars avec un sursis.
Bienvenue dans la justice 2.0 : une grande machine rouillée qui distribue les peines à la volée, façon tombola perverse. Tu tires un ticket ? T’as gagné une amende pour avoir traversé hors des clous. Tu tires un autre ? Félicitations, tu ressors libre après avoir démonté une BMW à mains nues, coursé les flics sur l’A31, et semé ta dignité entre les pare-chocs.
On appelle ça la proportionnalité des peines. C’est joli comme mot, ça sonne sérieux. Sauf qu’aujourd’hui, c’est devenu un sketch Kafka écrit par des stagiaires sous anxiolytiques.
Exemple ? Un jeune type planqué au Luxembourg, impliqué dans une affaire de recel de Porsche et BMW volées, reconnu en partie, course-poursuite avec accident, 500 € en poche "gagnés au black", une tronche qui matche les caméras. Résultat : 8 mois avec sursis et l’interdiction de remettre les pieds en France (histoire qu’il aille dévaliser la Belgique plutôt).
Maintenant toi, petit citoyen modèle, imagine que t’allumes une clope sur la mauvaise terrasse, ou pire : que t’éternues sans masque pendant une crise Covid. Là, pas de sursis. Pas de mansuétude. Là, c’est la république punitive. Amende directe, sans explication, sans procès. Tu es le nouveau visage de la délinquance moderne : l’homme qui vapote entre deux tables.
Le double discours est criant. La justice moderne ne juge plus les actes, elle juge le contexte, la “résonance sociale”, le “profil sociologique”. C’est simple : plus tu viens d’un quartier "sensible", moins on veut "te stigmatiser". Mais plus tu es "privilégié", plus ta faute devient une trahison intolérable. En gros, la justice veut éduquer les loups et scalper les moutons.
Alors on en est là. Des types qui volent des bolides à six chiffres, qui balancent les flics dans le décor, qui ressortent en ricanant avec des bras d’honneur en guise de signature, pendant que les honnêtes gens se font recaler au commissariat parce qu’ils ont voulu porter plainte contre un connard violent et agressif.
Et on ose encore parler d’égalité devant la loi. Non. La seule chose qui est égale aujourd’hui, c’est le sentiment d’abandon. Et il grandit. Chaque fois qu’un juge distribue une peine symbolique, c’est une baffe très concrète dans la gueule de la République.
2. À l’école de l’impunité, la récidive est une option recommandée
Il y a des gens qui prennent la prison comme d'autres prennent un RTT. Une formalité administrative, un petit contretemps, une pause dans une carrière de délinquant qui ressemble de plus en plus à une formation en alternance avec l’État. Cours de recel le lundi, atelier évasion le mardi, et intervention d’un juge compatissant le vendredi.
Prenons le cas de ce charmant jeune homme luxembourgeois, inconnu de la justice – pour l’instant – et impliqué dans deux recels de voitures volées. Porsche, BMW. Rien que ça. Le genre de véhicules qu’on voit passer très vite quand on est flic, ou très lentement quand on est au RSA. Lui, il "squattait dans une maison abandonnée" avec une BMW ouverte comme une boîte de sardines. Il dormait dedans. Un SDF en cuir matelassé, sans doute.
Résultat ? Pas de prison ferme. Un petit sursis bien moelleux, une interdiction de territoire (on le remercie presque de partir), et une promesse d’indemnisation à ses victimes. En d’autres termes : "Allez, c’était la première, mais reviens pas trop souvent."
Maintenant, compare ça avec ton quotidien. Si tu oublies de déclarer tes 130 € de revenus sur Vinted, l’Urssaf débarque avec des chiens et des drones. Si tu cries trop fort sur ton voisin parce qu’il t’a rasé le rétro, c’est harcèlement. Par contre, si tu voles une bagnole à 100 000 €, on te trouve touchant. Presque victime de ton environnement. On t’offre même une chance de réinsertion que personne ne t’avait demandée.
Et c’est là que réside le cancer du système : le message. Chaque décision de justice, chaque peine prononcée, c’est un signal envoyé à toute une société. Et en ce moment, le signal clignote en rouge fluo :
"Ne vous inquiétez pas les gars, tant que vous êtes du bon côté de l’indignation, vous ne risquez rien."
Les juges, eux, ne vivent pas dans le réel. Ils vivent dans un monde parallèle fait de concepts, de doctrines, de jurisprudences empilées comme des Lego juridiques. Pendant ce temps, dans la vraie vie, les victimes pleurent, les agresseurs rigolent, et les honnêtes gens serrent les dents en espérant qu’un jour, on protège autre chose que l’image d’un système moribond.
Mais ne nous plaignons pas trop : les vraies peines sont réservées aux cons. Ceux qui bossent, qui paient, qui ferment leur gueule. Ceux qui osent croire que la loi les défendra. Ceux qui, un jour, découvrent que l’État de droit est une passoire dont ils sont les gouttes.
3. Un ministère de la Justice ou un centre de désintoxication pour sociologues repentis ?
On en est là. À se demander si le ministère de la Justice n’a pas été transformé en centre de réhabilitation pour délinquants sensibles, le tout piloté par une philosophie digne d’un atelier d’écriture inclusive sous LSD. Parce que depuis quelques années, le but n’est plus de punir, mais de comprendre. Et qui dit "comprendre", dit excuser. Parce que comprendre, c’est humain. Mais excuser, c’est rentable — politiquement, socialement, électoralement.
On a supprimé les peines planchers — ces vilaines lignes rouges qui disaient qu’à partir d’un certain niveau de merde, tu mérites une vraie sanction. On a préféré la "justice individualisée", c’est-à-dire la roulette russe du tribunal : tu tombes sur le juge philosophe ? Tu repars avec un poème et un bracelet électronique. Tu tombes sur un autre ? Bon, t’as une amende. Peut-être. Si t’es pas trop blanc, pas trop solvable, et surtout pas trop calme.
Et pendant ce temps, dans les beaux quartiers de l’idéologie, on t’explique que les violences, les vols, les agressions, c’est le cri d’une société blessée, le langage désespéré des exclus, une forme de poésie urbaine, presque une installation contemporaine. Et toi, citoyen lambda, quand tu dérapes ? Quand t’oses te défendre ? T’es immédiatement recadré. La loi n’est pas là pour t’aider. Elle est là pour te rappeler que tu fais partie des privilégiés et que ton indignation est suspecte.
On donne la Légion d’honneur à des mamans de victimes pour les remercier d’avoir bien pleuré en public, mais pas à ceux qui empêchent les crimes, pas à ceux qui essayent de survivre avec dignité dans ce bordel organisé. Parce que la dignité, aujourd’hui, c’est subversif. Parce qu’un homme qui veut que la loi protège les siens est considéré comme dangereux. Tandis que l’autre, celui qui crache sur les flics, qui jette des trottinettes sur les CRS, qui pleure au racisme systémique en redescendant de sa Golf GTI volée ? Lui, il est… victime.
Ce n’est plus une justice. C’est un théâtre d’ombres, où l’on condamne pour l’exemple ceux qui osent encore croire aux règles, et où l’on caresse dans le sens du chaos tous ceux qui hurlent assez fort pour intimider les magistrats.
Alors oui, fume une clope en terrasse. Mets-toi bien. Mais planque-toi quand même. Parce qu’aujourd’hui, en France, le seul crime impardonnable, c’est de respecter la loi sans te plaindre.
Excellent rappel. T’as raison, c’était un manque stratégique dans le tableau de la déglingue judiciaire qu’on vient de dresser. On va corriger ça tout de suite avec un chapitre bonus — une cerise moisi-glacée sur ce gâteau d’absurdité institutionnelle.
4. Tu te fais agresser en voiture ? T'avais qu'à pas klaxonner, gros malin
Bienvenue dans le far west de la route. T’es au volant, priorité à droite, tu klaxonnes un mec qui te grille royalement. Logique. Civique même. Réponse : le gars fait demi-tour comme un pitbull à qui t’as marché sur la truffe. Il te double, te bloque, sort de sa caisse, t'humilie verbalement, te menace, te shoote une photo du genre "j't'ai capté". Toi, t’es là, sidéré, l’adrénaline à 200, le cœur dans le pare-soleil, les mains qui tremblent.
Réaction saine ? Tu vas au commissariat porter plainte. Réaction de la police ? "Ah non mais vous savez, ça va être compliqué…" "Vous avez son nom ? Sa plaque ? Une vidéo ? Un ADN ?" Et puis surtout ce chef-d’œuvre de lâcheté bureaucratique : "Franchement… mieux vaut en rester là."
Donc toi, victime, on t’explique que ton problème, c’est toi. T’as voulu faire les choses dans les règles, signaler un acte de violence gratuit ? Erreur fatale. Tu deviens une gêne administrative. Un cas relou. Un mec qui dérange la routine du poste.
Le message est clair : Il ne faut pas faire justice soi-même… mais surtout, n’attendez pas qu’on la fasse pour vous.
Et ce n’est pas une exception. C’est la norme. Les agressions de la route ? C’est devenu un genre. Un code culturel. L’impunité en feu rouge. Le type qui t’insulte, te menace, voire te pousse à bout, c’est pas un délinquant, c’est juste un Français en colère, monsieur. Et toi, avec ta plainte ? T’es le relou procédurier. Celui qui casse l’ambiance.
Mais ne t’avise surtout pas de répondre, hein. Là, c’est toi qui finirais en GAV pour "violence réciproque". La justice moderne adore punir ceux qui refusent d’être des punching balls.
Bref. En France en 2025, tu peux : ✅ Voler une BMW ✅ Menacer un automobiliste ✅ Foutre le feu après un match ✅ Taper sur un flic en manif ✅ Et rentrer chez toi avec un petit sursis et un "attention la prochaine fois"
Mais si t’oses être victime et en plus exiger une réponse ? Tu deviens suspect. Et ça, c’est pas une blague. C’est la version postmoderne de l’État de droit : chacun pour soi, et les plaintes pour les autres.
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