Surveillance 2.0 : comment Palantir redéfinit notre liberté

🌀 Palantir, stagiaire zélé de Big Brother : l’entreprise qui voulait voir derrière tes paupières

Tu pensais que les startups les plus flippantes sortaient de la Silicon Valley ? C’est mignon. Palantir n’est pas une startup. C’est une boule de cristal codée en Python, nourrie aux métadonnées et habillée d’un costume cravate patriotique.

Tu veux savoir à quoi ressemble l’œil de Sauron aujourd’hui ? Ce n’est plus une flamme géante dans une tour maléfique. C’est une interface utilisateur propre, sobre, et vendue aux États comme on vendrait des Tupperware à des ménagères parano.

Palantir a été conçu comme un gentil outil d’analyse pour les gentils espions de la CIA qui avaient “trop d’infos” et “pas assez de temps pour tout lire”. Pauvres choux. Alors ils ont externalisé le tri de leurs données. Résultat : une entreprise privée qui voit plus de choses que tous les gouvernements réunis, et qui sait quand t’as commandé ton dernier burger Uber Eats, ce que tu penses de ton patron, et pourquoi tu mens sur ton profil Tinder.

Mais ce n’est pas ça le plus vicieux. Le vrai coup de maître, c’est leur image : Palantir, c’est chic. C’est sérieux. C’est la tech qui sauve le monde, façon Marvel. Ils bossent “contre le terrorisme”, “contre les crimes”, “pour la démocratie”… avec des contrats opaques, des logiciels qu’aucun citoyen ne peut auditer, et des algorithmes qui te classent dans une case avant même que t’aies fini ta clope.

Ce ne sont pas des barbouzes. Ce sont des types qui ont lu Tolkien, fumé un peu trop de Google, et décidé qu’ils seraient les nouveaux gardiens du monde — mais sans la morale. Car eux, ce qu’ils veulent, ce n’est pas sauver le monde… c’est savoir comment il finira.

Tu dors tranquille ? Tu ne devrais pas.

🔮 Les devins du chaos : quand tes métadonnées annoncent ta fin

Imagine un devin moderne, pas celui avec la boule de cristal dans une roulotte qui sent l'encens et le whisky bon marché. Non. Un devin qui bosse dans un open space aseptisé, en t-shirt noir, avec du code dans les veines et un tableau de bord qui prédit les émeutes avant qu’elles commencent. Ce devin s’appelle Palantir.

On nous avait promis que les données allaient améliorer le monde. Résultat ? Elles te foutent à poil, psychologiquement et géopolitiquement. Palantir ne lit pas ton avenir dans les étoiles, mais dans les métadonnées de ton GPS, dans ton historique YouTube, dans la fréquence de tes textos à 2h du mat. Il devine quand tu vas péter un plomb, quand une population va se révolter, quand un leader va tomber. C’est l’algorithme du chaos sous pilules Ritaline.

Le pire ? C’est que c’est vendu comme un miracle. Les gouvernements achètent ça comme on achèterait une boule anti-stress : “Grâce à Palantir, nous pouvons prévoir les menaces, protéger les citoyens, éviter les conflits”. Mon œil. Ce qu’ils évitent surtout, ce sont les surprises démocratiques. Tu votes bizarre ? Ton quartier manifeste trop souvent ? T’aimes bien des posts chelous sur X (ex-Twitter) ? Tu es un “indicateur faible d’instabilité potentielle”.

Ce n’est plus de la surveillance. C’est de la sorcellerie numérique. Palantir te profile, t’anticipe, te cartographie psychologiquement. Et s’il faut agir préventivement… on n’attendra pas que tu fasses une connerie. On interviendra avant. Minority Report ? C’est déjà has-been. Là, on parle de déploiement militaire, de drones, de frappes… basés sur des intuitions statistiques.

Le comble de l’ironie ? Tu participes toi-même à ce grand oracle numérique. Chaque clic, chaque like, chaque recherche Google est une offrande à Palantir. T’es pas un citoyen. T’es une donnée mouvante. Et ils savent exactement ce que tu vas faire vendredi prochain, même si toi t’hésites encore entre Netflix et un rencard foireux.

Alors, t’as encore envie de rigoler avec tes cookies ?

🏛 La pyramide vous regarde : et elle a la dalle

Ah, la belle illusion… Celle où nos dirigeants élus dirigeraient le monde, où les lois seraient écrites dans l’intérêt général, et où l’on pourrait s’indigner utilement dans les urnes. C’est mignon. Vraiment. Mais regarde un peu plus haut : au sommet de la pyramide, il y a un truc qui clignote. Ce n’est pas un satellite. C’est Palantir.

Palantir n’est pas juste un prestataire technologique. C’est un parasite chic, une entité qui vend son cerveau aux États comme un super-calculateur moralement neutre… sauf que ce cerveau ne dort jamais, ne doute jamais, ne vote jamais. Il calcule, il corrèle, il influence. C’est le gourou silencieux de gouvernements en burn-out décisionnel.

Avant, les rois avaient des conseillers. Maintenant, les présidents ont des dashboards. Et Palantir est LE dashboard suprême. Celui qui dit : voici les comportements à risque, voici les zones de tension, voici qui il faut surveiller, manipuler ou faire taire. Et les politiques ? Ils hochent la tête, hypnotisés par des graphes animés qui brillent comme des vitrines de Noël.

Mais ce n’est pas juste une question de gouvernement. Ce sont aussi les multinationales, les armées, les agences de renseignement. Tout ce petit monde paie des abonnements à Palantir comme toi à Netflix. À une différence près : quand toi tu mates une série sur les zombies, eux matent des vraies populations en train de s’agiter.

Et personne, personne, ne surveille Palantir. Ni autorités indépendantes, ni citoyens, ni journalistes. La bête est trop complexe, trop opaque, trop bien protégée. Elle vend la surveillance à ceux qui ont peur du peuple. Et elle encaisse, pendant que nous, on like des vidéos de chatons en attendant le prochain couvre-feu algorithmique.

Alors non, le sommet de la pyramide n’est pas humain. C’est une interface. Une machine affamée de données. Et toi ? Tu es le steak.

🤳 Les citoyens zombies applaudissent l’algorithme

Tu veux savoir pourquoi Palantir prospère ? Ce n’est pas parce que c’est efficace. Ce n’est pas non plus parce que c’est invisible. C’est parce qu’on l’aime. Si, si. Comme on aime nos bourreaux modernes, en silicone et en pixels. On les chérit, on leur parle à travers Siri, on les caresse avec nos doigts gras sur nos écrans.

Le citoyen d’aujourd’hui, c’est un zombie volontaire. Il signe des conditions d’utilisation sans lire. Il autorise le micro, la caméra, la géolocalisation, juste pour avoir un filtre licorne sur TikTok. Il se filme en train de défiler pour la liberté… pendant que son téléphone envoie son taux de sueur aux serveurs de Palantir.

Ce n’est plus de la soumission. C’est de la collaboration enthousiaste. Les gens ne veulent pas moins de surveillance. Ils veulent une surveillance stylée. Avec une bonne UX. Avec des notifications personnalisées. Tant que c’est fluide, tant que ça bug pas, tant que le design est flat… on accepte tout. Même la fin de la vie privée. Même la fin du libre arbitre.

Et les phrases-totems ? Tu les connais. “J’ai rien à cacher.” — Formidable. Une génération entière prête à se déshabiller devant les machines, juste pour ne pas être suspectée d’être différente. "Je ne suis pas intéressant." — Faux. Tu es une mine d’or comportementale. Tu es la base du modèle. Tu es la donnée rare qui permettra de prédire la prochaine insurrection.

L’algorithme n’est pas un dictateur. C’est un entertainer. Il te connaît, il te flatte, il te gave de contenus et il te note en silence. Il décide si tu mérites un prêt, un emploi, une sécurité. Et toi ? Tu lui souris en lui donnant l’autorisation d’accéder à tes photos de vacances, ton agenda, et ton rythme cardiaque.

Bienvenue dans la servitude consentie 4.0. Ton maître ne crie pas. Il t’envoie des emojis.

🧨 Petit manuel de fuite pour rats lucides

Spoiler : tu ne vas pas échapper à Palantir en débranchant ton Wi-Fi et en déménageant dans une yourte en Ardèche. À ce stade, même les écureuils sont probablement cartographiés. Non, pour s’exfiltrer du cauchemar numérique, il ne faut pas fuir. Il faut dérailler. Tu dois devenir un bug, un artefact, un caillou dans la godasse algorithmique.

D’abord, la base : brouille les pistes. Apprends à faire du bruit numérique. Tor, VPN, Tails OS, Signal, Cryptpad… Ce n’est pas que pour les hackers russes et les dealers moldaves. C’est pour toi, toi le prof, la graphiste, le chauffeur Uber, la mère célibataire. Chaque personne qui rend le système un peu plus flou affaiblit la machine. Sois flou.

Ensuite, détourne-toi des monopoles. Google ? Bye. Meta ? Dehors. YouTube ? Passe à PeerTube. Arrête de nourrir la bête. Chaque clic est un vote. Chaque recherche est une offrande. Il existe des alternatives. Pas toujours sexy, mais éthiques. Et si ce n’est pas confortable, tant mieux : le confort est la morphine du prisonnier.

Mais surtout, dérègle le récit. Palantir ne te contrôle pas juste par la tech, mais par l’imaginaire. Il a pris ton cerveau avant même de prendre tes datas. Alors hacke ça. Fais du faux, du drôle, du bizarre. Réinvente-toi. Inonde le système de personnages fictifs, d'identités absurdes, de récits qui explosent les catégories. L'algorithme ne sait pas gérer le chaos créatif. Il classe, il note, il prévoit — mais il panique face à l'absurde.

Enfin, résiste en meute. Seul, tu deviens juste un silence dans le signal. À plusieurs, tu deviens une dissonance. Rassemble, partage, crée des collectifs de fuite, d’art, d’info libre. L’antidote n’est pas dans le code, il est dans la culture.

Palantir t’observe. Ris-lui au nez. Et crée un monde que ses modèles ne comprennent pas.

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