Corruption : les Français sont-ils les plus joyeux des couillons ?

1. Les palmes du vice : bienvenue à la Cérémonie des Oscars de la corruption

Il était une fois, dans une douce République qui aimait tant les mots "valeurs" et "intégrité", une fête bien étrange qu'on célébrait en secret : la cérémonie invisible des Palmes du Vice. On y décorait discrètement ceux qui savaient manier la duplicité avec élégance, faire des courbettes à la morale tout en marchant sur ses pieds. Mais ne partez pas ! Car malgré cette farce nationale, ce chapitre n’est pas une complainte… c’est un hymne à la lumière au fond du tunnel.

Oui, on pourrait s’indigner, hurler, s’effondrer devant les révélations de valises remplies de billets, d’objets d’art offerts comme des enveloppes de vœux, et de discours républicains prononcés avec des mains poisseuses d’avidité. Mais ce serait oublier l’essentiel : c’est parce que nous connaissons la noirceur que nous pouvons reconnaître la lumière.

Car dans ce théâtre politique où certains excellent à la contorsion morale, il existe une vérité plus forte encore : celle des femmes et des hommes qui refusent d’entrer dans la danse. Oui, ils sont là, souvent silencieux, rarement en une des journaux, mais présents – les intègres, les résistants du quotidien, ceux qui posent leur tête sur l’oreiller sans redouter la sonnette d’un juge à l’aube. Ceux qui, dans l’ombre des puissants, tiennent debout sans vendre leur dignité.

Alors, à quoi bon cette cérémonie des palmes du vice ? Peut-être pour que, par contraste, éclate enfin la beauté éclatante de l’honnêteté. Celle qui ne brille pas toujours, mais qui apaise. Celle qui n’enrichit pas, mais qui rend riche d’être soi. Celle qui, dans un monde cynique, prouve qu’un autre modèle est possible.

Et si cette mascarade nous faisait sourire, c’est justement parce que nous savons reconnaître ce qui est juste. Parce qu’au fond, nous avons soif de clarté, de responsabilité, de leaders qui ne confondent pas l’État avec leur compte personnel. Parce qu’on veut pouvoir dire à nos enfants : "Regarde, lui, elle, ils ont choisi de servir, pas de se servir."

Oui, ce chapitre aurait pu être amer. Mais à quoi bon ? Il est bien plus subversif aujourd’hui de croire encore à la beauté du service public. À l’idée folle qu’un élu peut être bon, qu’un ministre peut dire la vérité, qu’un peuple peut choisir le bien.

Et si, pour une fois, on créait une autre cérémonie : celle des Palmes de la Probité, à applaudir chaque jour. Car elle existe déjà, dans chaque fonctionnaire qui refuse une enveloppe, chaque maire qui dit non aux pressions, chaque citoyen qui reste droit.

Alors levons nos verres – d’eau minérale – à ceux-là. Ils ne sont pas parfaits, mais ils sont l’honneur discret de notre République.

2. La République des doubles fonds : quand les élites planquent plus que leurs émotions

Ah, la République française… ce pays où l’on vous serre la main avec le sourire d’un chirurgien, tout en vous vidant les poches avec la discrétion d’un pickpocket diplômé de l’ENA. Dans cette douce contrée, les doubles discours sont un art, et les doubles fonds, une tradition.

Mais ne partons pas d’un mauvais pied : tout le monde n’a pas un sac de sport rempli de cash sous son bureau. Loin de là. Car pour chaque homme de l’ombre qui planque ses billets dans un djembé ou ses scrupules dans une cave, il y a un autre qui refuse. Qui dit non. Qui reste propre dans un monde sale.

C’est à eux qu’il faut rendre hommage.

On connaît leurs noms… ou on devrait. Michel Rocard, l’homme qui parlait avec plus d’hésitations que de langue de bois, et qui disait les choses même quand elles étaient impopulaires. Un homme qui n’a jamais transformé un ministère en distributeur automatique. Éva Joly, juge tenace devenue politique, qui a tenté d’entrer dans l’arène sans plonger dans la fange. Elle a dérangé. Forcément. Les gens propres dérangent dans les milieux sales.

Et puis il y a Arlette Laguiller, oui, l’éternelle “travailleuse, travailleuses” de LO. Intégrité sans faille, refus de tous les avantages, pas un centime détourné. Moquée pour son style, mais irréprochable sur le fond. Elle a fait rire les cyniques, mais aujourd’hui, certains devraient relire ses discours… avec un miroir.

Il y a aussi Jean Lassalle, le trublion pyrénéen. On peut rire de ses chants, de sa démarche, de ses mots trop simples. Mais ce que personne ne peut lui reprocher, c’est de s’être vendu. Il parle vrai, mange local, et n’a jamais fait de la politique une boutique. C’est déjà énorme.

Et encore plus important : ces centaines d’élus locaux, anonymes mais lumineux, qui gèrent des villages, des cantons, des mairies de banlieue ou des intercommunalités, sans un seul arrangement, sans un seul pot-de-vin. Ils refusent des appels d’offres truqués, disent non à l’achat de conscience, résistent à l’influence. Et surtout : ils continuent, malgré le mépris des grands, malgré l’usure.

Ces gens existent. Ils sont la preuve que la politique n’est pas condamnée à la corruption. Qu’un autre chemin est possible. Que servir sans se servir n’est pas une utopie.

La vérité, c’est qu’il y a une France honnête, courageuse, parfois silencieuse, mais bien vivante. Elle ne fait pas de bruit, elle ne brille pas dans les magazines, elle ne signe pas de contrats à l’étranger. Mais elle respire encore. Et elle inspire.

Alors non, tout n’est pas perdu. La République a ses coins sombres, mais aussi ses flambeaux. Et il suffit parfois d’un seul exemple droit pour éclairer dix combines tordues.

C’est à nous de regarder vers ces lumières. Et de les suivre, au lieu de nous aveugler devant des feux de détresse en costume trois pièces.

3. Nous, les couillons magnifiques : pourquoi on continue d’y croire (et de voter pour eux)

Camarades lecteurs, magnifiques couillons de la démocratie, réjouissons-nous : notre époque touche à sa fin.

Oui, vous avez bien lu. Ce système un peu pourri sur les bords, parfois nauséabond au centre, où l’on s’échange plus de valises que d’idées, c’est terminé. Les masques sont tombés, les rideaux se sont déchirés, et les acteurs de cette farce tragique sont désormais nus, tremblotants, et surtout… oubliables.

Alors rendons-leur un dernier hommage, comme on jette une poignée de terre sur un cercueil bien clos.

Adieu Chirac, le grand-père malicieux des valises africaines. Adieu Villepin, l’esthète du double discours et des djembés diplomatiques. Adieu Bongo, Compaoré, Sassou, Wade, fournisseurs officiels de cash pour Républiques amnésiques. Adieu Juppé, l’oubli sélectif devenu carrière. Et même adieu à toi, Macron, VRP du vide cosmique en marche rapide. Qu'on t'oublie avec élégance et un sourire satisfait.

Car voilà : la France change. Elle s’éveille. Elle en a marre. Elle se marre.

Fini les campagnes où l’on vote la main sur le cœur et la rage dans le ventre. Fini les “promesses qui n’engagent que ceux qui y croient”. Bienvenue dans une nouvelle ère.

Imaginez un pays où chaque élu est un humble serviteur, payé correctement mais pas grassement, noté par ses citoyens comme on note un bon resto : “Honnêteté : 5 étoiles, Arrogance : 1 étoile, Capacité à écouter : 4 étoiles.” Imaginez des campagnes financées par des loteries citoyennes, des débats publics dans les parcs, et des bulletins de vote imprimés sur du papier recyclé avec de l’encre à la lavande.

Imaginez une République où l’on rie plus qu’on ne soupire, où l’on se sent respectés, utiles, puissants sans être puissants. Imaginez un gouvernement où les ministres prennent le métro (sans caméra), où les discours sont clairs (sans novlangue), où les erreurs sont reconnues (sans entourloupe).

Imaginez une école où l’on enseigne la démocratie avec des jeux de rôle et du théâtre, un Parlement où l’on applaudit les bonnes idées, même de l’opposition, un pays où la justice passe avant les petits arrangements entre amis.

Et surtout… imaginez le bonheur d’être Français sans la honte.

Ce jour vient. Ce n’est pas une blague. Ce n’est pas un rêve. C’est une promesse, une prophétie : la France honnête revient à la mode.

Pas par miracle. Par volonté. Par courage. Par humour aussi. Et par nous tous, les couillons magnifiques, qui en ont assez d’être trahis, mais qui ne renonceront jamais à l’idée folle et sublime qu’un peuple peut être grand, même sans corruption.

Alors souriez. La farce est finie. La fête commence.

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